~ Quelques Coléoptères terrestres ~

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Famille des Longicornes ou Cerambycidae
 
La faune des Coléoptères Cerambycidae ou "Longicornes" vivant à La Réunion, s'élève actuellement à 26 espèces. Ce magnifique longicorne bleu métallique, aux reflets violacés, est d'origine malgache. Il fait partie de la famille des Cerambycidae et de la sous-famille des Cerambycinae. C'est un des plus beaux insectes de La Réunion. 
Il habite la forêt primaire où vit le "Grand Natte", Mimusops maxima, dans lequel se développe sa larve. Il vole le jour aux alentours de cet arbre, à la recherche d'exsudats, de résines et de son partenaire sexuel.

Philematium virens feromale
De taille plus modeste et très robuste, ce Cerambycidae, Lamiinae, est très commun à La Réunion. Il vit surtout en zone sèche de basse altitude dans les milieux dégradés à forte végétation exotique. Il est considéré comme un ravageur important, car sa larve s'attaque à de nombreux arbres, dont les très rares "Benjoin" Terminalia bentzoe et le "Bois de couleur" Ruizia cordata. Il est très commun dans la zone du Lazaret de la Ravine de La Grande Chaloupe, et se capture la nuit avec un piège lumineux à tube à lumière violette. Sa larve vit dans les "Tamarins d'Inde" Pithecollobium dulce, qui poussent très nombreux dans ce secteur. En captivité, il se nourrit de l'écorce de bûchettes de Ficus benjamina, de Terminalia catapa ou "Badamier" et de "Tamarins".

Caelosterna scabrata
C'est le plus grand et le plus spectaculaire longicorne Cerambycidae Lamiinae de La Réunion. Originaire de l'Inde, il était jadis très commun à La Réunion. Mais son énorme larve détruit les arbres dans lesquels elle creuse ses galeries. Les arbres auxquels elle s'attaque font partie des essences végétales utiles à l'homme : Arbre à pain, Avocatier, Manguier, Jacquier. 
L'adulte qui vient souvent pondre ses oeufs dans les anfractuosités de cet arbre a été nommé par les réunionnais "Ton Jacques". 
Depuis une dizaine d'année, il se fait de plus en plus rare à cause de la lutte chimique dont il est la victime. Il vient assez souvent au piège lumineux à vapeur de mercure, du côté de Ste Marie et de Ste Suzanne. mais on le trouve aussi dans les Hauts de Ste Thérèse et aux Chutes de Niagara.

Batocera rufomaculata
Famille des Melolonthidae
On compte seulement 4 espèces de Hanneton qui vivent à La Réunion. Parmi eux, deux sont tout à fait remarquables. L'un pour son extrême rareté, l'autre pour ses populations extrêmement importantes et ravageuses des plantes. 
Le Hanneton endémique de La Réunion, Gymnogaster buphthalmus, est certainement un des plus rares Coléoptère de La Réunion. Il a été décrit pour la première fois en 1862, et c'était une femelle. Depuis, il n'avait jamais été repris. 
En 1983 et en 1994, j'ai eu la chance non seulement d'en capturer plusieurs, mais aussi de prendre des mâles. Ils furent attirés par un piège lumineux au Colorado de La Montagne et dans la ravine des Lataniers. La plupart des spécimens ont été donnés au Muséum d'Histoire Naturelle de Paris.

Gymnogaster buphthalmus
L'Hoplochelus marginalis est un Hanneton extrêmement commun à La Réunion depuis 1970, date vers laquelle il fut importé depuis Madagascar où il y est endémique. A La Réunion, ses conditions de développement ont été optimales, ce qui explique sa prolifération, car il n'y a pas de facteurs limitant tels des prédateurs ou des maladies virales, bactériennes ou cryptogamiques. En très peu d'années, il a donc envahi toute l'île jusqu'à 1.000 mètres d'altitude, ravageant les champs de canne à sucre et détruisant les plantes indigènes. Aujourd'hui, le CIRAD a mis au point une lutte biologique à partir d'un mycelium malgache, que l'on est à même d'épandre dans le sol pour tuer ses larves.

Hoplochelus marginalis
Famille des Dynastidae
On compte 5 espèces qui vivent dans l'île, dont 2 endémiques. L'Oryctes borbonicus en fait partie. Il n'est pas rare, mais très localisé en altitude. Sa larve vit dans l'humus du sol, dévorant les racines des Bruyères endémiques Philippia montana. mais elle se nourrit aussi des racines de certaines Graminées. L'adulte présente un fort dimorphisme sexuel. En effet le mâle est affublé d'une corne sur le dessus de la tête. Contrairement à ce que certains prétendent, l'adulte ne se nourrit pas du coeur des Palmistes, mais de baies qui tombent au sol et y pourrissent. En captivité, l'adulte et la larve se nourrissent de bananes.

Couple d'Oryctes borbonicus
L'Oryctes rhinoceros est originaire des Philippines. Il a été importé à La Réunion via l'île Maurice, lors de la fin de la dernière guerre mondiale, quand les militaires anglo-saxons ont transité avec leur matériel de guerre. 
L'adulte, comme l'espèce précédente, présente un dimorphisme sexuel important, avec une longue corne sur la tête du mâle. L'adulte est une véritable calamité pour les cocotiers dont il dévore le coeur. Une lutte bactériologique a été mise en place pour détruire ses larves. Les populations ont été diminuées, mais aujourd'hui, malgré cela, l'espèce ne se cantonne plus à Ste Suzanne et Ste Marie, puisqu'elle est cause des ravages aux cocotiers de St Philippe.

Couple d'Oryctes rhinoceros
Famille des Cetoniidae
Deux espèces vivent à La Réunion, toutes deux originaires de l'Inde. La plus commune et la plus grosse est Protaetia aurichalcea. Les réunionnais lui attribuent des vertus particulières, et en particulier celle de rendre riche, d'où son nom créole de "bébête l'argent". L'adulte racle l'écorce des arbres et se nourrit de fruits pourris et du pollen des fleurs. La larve vit dans l'humus du sol, mais aussi dans les déjections des chèvres. C'est une espèce très commune en basse altitude jusqu'à 800 mètres.

Protaetia aurichalcea
Famille des Chrysomelidae
Cette famille est très bien représentée à la Réunion. La sous-famille des Cassidinae, par contre, ne comprend que deux espèces à vaste répartition géographique. L'espèce présentée ici, Aspidomorpha quinquefasciata, est bien connue des réunionnais sous le nom créole de "petite tortue". Cependant elle est fortement en voie de régression. Le mâle présente une couleur dorée du plus bel effet. La femelle est plus terne. La larve présente une curieuse houppe de poils dressés, et dévore les feuilles de Patate douce et de Cambart. 

Aspidomorpha quinquefasciata
Famille des Carabidae
Ce Coléoptère, Ctenosta senegalensis, était inconnu à La Réunion jusqu'à ce que je récolte un couple en piégeage lumineux nocturne dans la savane qui borde les habitations de Fleurimont, en l'an 2001, lors d'une étude d'impact. Je ne l'ai jamais retrouvé depuis, mais il aurait été repris en 2002 du côté de St Gilles. Il est originaire de l'Afrique de l'Ouest et il est très étonnant qu'une espèce aussi grosse n'ait jamais été signalée tant à La Réunion qu'à Maurice. 

Ctenosta senegalensis
Famille des Curculionidae
Les Charançons de la Réunion présentent la particularité d'avoir développé un endémisme considérable dans des genres mineurs tels les Cratopus (32 espèces endémiques). Ce sont des espèces qui vivent en altitude et tout particulièrement vers la Plaine des Palmistes et la Plaine des Cafres. Depuis leur description et leur recensement par Richard dans les années 1950, on constate la disparition d'un certain nombre d'entre elles. On ne peut que déplorer la perte de ce patrimoine biologique unique, dont la raison principale est la déforestation au profit de la création de zones de pâturage et à cause de la croissance démographique. Les espèces disparues devaient être très localisées et la disparition de la végétation primordiale remplacée par des Graminées et des ajoncs est la seule explication plausible. Les autres espèces de Cratopus qui ont survécu sont toutes largement répandues. 

Cratopus chrysochlorus

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