Biologie | Biogéographie | Anatomie | Papillons diurnes | Papillons nocturnes |
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Mise à jour du 20-06-2021
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Coelonia mauriti mauriti |
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Pisoraca lyciscaria |
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Publication d'une série
d'études sur tous les Hétérocères de La Réunion.
- 2005, Volume 1 : les Noctuidae
quadrifides (149 espèces, 532 pages, 1750 schémas, 13 planches
couleurs).
- 2006, Volume 2, Les Noctuidae
trifides, Sphingidae, Arctiidae, Geometridae, Uraniidae, (112 espèces,
443 pages, plus de 1.500 schémas, 10 planches couleurs).
- 2009, Volume 3, Les Pyralidae
et Crambidae (148 espèces, 554 pages, plus de 1.500 schémas,
11 planches couleurs).
- 2011, Volume 4, les Microlépidoptères
et autres familles (144 espèces, 556 pages, plus de 1.500 schémas,
13 planches couleurs).
- 2016, Volume V, Compléments
aux autres volumes (36 espèces, dont 22 nouvelles, 157 pages, 108
schémas, 4 planches couleurs.
- 2018, Catalogue des Hétérocères
des Mascareignes dont un listing général de toutes les espèces
vivant dans l'archipel des Mascareignes.
Pour toute commande, contacter l'association NDP à valerie.adani@wanadoo.fr ou à mon adresse heterocera.ltd@gmail.com
La Réunion compte actuellement 575 espèces de papillons nocturnes, ou Hétérocères, dont 227 espèces sont endémiques. Ce qui porte le taux d'endémisme à 39,5% pour La Réunion et à 41,7 % si l'on rajoute les 13 espèces endémiques communes uniquement aux trois îles des Mascareignes (Maurice, Rodrigues et La Réunion).
1-Origines des espèces
vivant à La Réunion
A- Des origines africano-malgaches
-Les espèces réunionnaises
sont avant tout africano-malgaches avec plus de 174 espèces. 166
espèces sont à vaste répartition géographique
dont 31 cosmopolites. Les espèces provenant du continent américain
sont rares et celles d'origines asiatiques nettement plus nombreuses. Cet
apport massif d'espèces exotiques est lié au commerce des
plantes et des denrées stockables. Ce sont, bien souvent, des pestes
entomologiques qui viennent modifier l'équilibre des écosystèmes
(51 migratrices proviennent du Sud de l'Europe).
B- Au niveau régional
: des espèces communes à toutes les îles de la zone
Dans la zone du Sud Ouest de l'Océan
Indien, mis à part Madagascar qui est la source principale d'origine
des espèces, l'île Maurice compte un grand nombre d'espèces
communes avec La Réunion.
On peut raisonablement penser que,
puisque l'île soeur est apparue 8 millions d'années avant
notre île, elle a été "ensemencée" directement
par Madagascar et l'Afrique de l'Est et que, par la suite, elle a fait
de même pour La Réunion.
Les espèces qui sont communes
à Rodrigues, les Comores, les Seychelles et La Réunion, ont
des origines africaines, malgaches et des sous-espèces liées
aux migrations inter-iles.
C- Les mécanismes du peuplement
naturel
Les mécanismes naturels
qui ont présidé à la venue de ces insectes sont mal
connus. Certaines hypothèses sont vraisemblables :
-Les vents portants, provenant
des côtes malgaches et africaines
-Les oiseaux qui peuvent
favoriser la venue de quelques espèces dont les états larvaires
sont inféodés aux graines, aux désquamations et à
la chératine de leurs hôtes.
-Les bois flottants dérivant
à la surface des océans. Cela est peut-être vrai pour
les larves de Coléoptères, mais peu vraisem- blable pour
les chenilles de papillons.
-Des espèces réputées
être migratrices (Sphingidae).
D- Une importante microfaune
à découvrir
Les inventaires effectués
en 2010 et 2011, grâce à leurs financements par l'ancienne
école ESBAR (Commune de Le Port), et Parc national de La Réunion
en collaboration avec l'association réunionnaise NDP (Nature, Découverte
et Partage), ont mis en lumière une importante faune de micro-hétérocères
inconnus dont l'étude a révélé 22 nouvelles
espèces endémiques de la Réunion. D'autres sont en
attente d'identification.
E- De nombreuses questions sans
réponses
Comment tous ces insectes sont-ils
arrivés avant l'implantation de l'homme sur l'île ?
L'immense majorité des espèces
supporte très mal les vents violents des cyclones, les pluies diluviennes,
et les altitudes glacées où elles seraient emportées
par les bourrasques. Comment les microlépidoptères ont-ils
fait pour venir d'Afrique et de Madagascar ?
Il n'y a pas aujourd'hui de réponses
satisfaisantes. Cependant les études de leurs caractères
externes et internes, les comparaisons avec les espèces d'autres
régions, nous forcent de constater que leurs origines naturelles
(sans l'intervention de l'homme), sont bien africaines et malgaches.
Certains ont parlé de "ponts"
entre les îles Mascareignes et Madagascar, dans des temps très
lointains. Pour ma part, dans un souci de prudence, je ne formulerai aucune
hypothèse et n'apporterai aucune réponse.
2-Pauvreté des familles
d'Hétérocères présentes
L'île de La Réunion
n'abrite pas toutes les familles qui forment l'ensemble des Hétérocères.
Elle ne possède que le 1/10 des espèces présentes
à Madagascar. Son isolement insulaire, sa petitesse, sa jeunesse
et la présence de phénomènes vocaniques destructeurs
des écosystèmes, sont à l'origine de cette pauvreté.
C'est ainsi que les Attacidae,
grands et splendides papillons nocturnes ne sont par représentés
sur l'île, alors qu'il en existe de nombreuses espèces à
Madagascar. Il en est de même pour l'ensemble des Bombycidae, Sesiidae,
Syntomidae, Notodontidae, Callidulidae, etc. La biodiversité des
deux autres îles est plus faible (surtout l'île Rodrigues)
par suite de la destruction des forêts primaires à cause de
la colonisation des Mascareignes par la Compagnie des Indes Occidentales
au XVIIème siècles. La Réunion a été
moins touchée, sauf en basse altitude, car ses pentes et ses massifs
vertigineux ont empêché la destruction de la végétation
au profit des cultures vivrières et de la culture de la canne.
Répartition des espèces
par familles et endémisme
Les 575 espèces actuellement
recensées se répartissent en 29 familles d'inégale
importance en biodiversité. L'histogramme ci-dessous en est une
illustration évidente. La distribution des espèces par familles
tient compte des dix dernières années de réorganisation
des familles des Noctuoidea. Les histogrammes ont été établis
grâce à ma base de données de Microsoft ACCESS qui
contient plus de 11.000 données sur toutes les espèces en
fonction de 25 paramètres (Famille, sous-famille, genre, espèce
et auteur, date, heure et site de capture, altitude, repères géodésiques,
conditions météorologiques, bibliographie, photo de chaque
espèce, dessins des genitalia, zones de saisie et de consultation,
observations, observateurs, etc.).
Distribution des espèces selon les familles
On constate la présence prépondérante des Erebidae avec 124 espèces. En deuxième position viennent les Crambidae avec 102 espèces, puis les Noctidae (64), les Tortricidae (55), Geométridae (42) et les Pyralidae (38). Les autres familles ont une faible, voire, très faible biodiversité comme les Immidae, les Gracillariidae, les Gelechiidae, etc...Mais des petites familles de microlé- pidoptères ont un endémisme parfois très élevé, que l'on ne retrouve pas chez les macro-hétérocères (cf. tableau ci-dessous).
SP = species ;SpT = Nombre total d'espèces; ER = Endémique Réunion; % = Pourcentage endémiques stricte
|
Espèces |
|
|
|
Espèces |
|
|
Batrachedridae |
1
|
0
|
0%
|
Lyonetiidae |
1
|
0
|
0%
|
Carposinidae |
6
|
6
|
100%
|
Noctuidae |
64
|
19
|
29,7%
|
Choreutidae |
2
|
1
|
50%
|
Nolidae |
13
|
5
|
38,5%
|
Copromorphidae |
1
|
0
|
0%
|
Oecophoridae |
26
|
24
|
92,3%
|
Cosmopterigidae |
4
|
3
|
75%
|
Plutellidae |
1
|
0
|
0%
|
Crambidae |
102
|
34
|
33,3%
|
Pterophoridae |
19
|
3
|
15,8%
|
Elachistidae |
2
|
1
|
50%
|
Pyralidae |
38
|
11
|
28,9%
|
Erebidae |
124
|
30
|
24,2%
|
Sphingidae |
15
|
2
|
13,3%
|
Euteliidae |
8
|
1
|
12,5%
|
Stathmopodidae |
2
|
2
|
100%
|
Gelechiidae |
10
|
4
|
40%
|
Thyrididae |
1
|
0
|
0%
|
Geometridae |
42
|
19
|
45,2%
|
Tineidae |
23
|
16
|
69,6%
|
Glyphipterigidae |
2
|
1
|
50%
|
Tortricidae |
55
|
38
|
69,1%
|
Gracillariidae |
6
|
3
|
50%
|
Uraniidae |
3
|
2
|
66,7%
|
Hyblaeidae |
1
|
0
|
0%
|
Yponomeutidaeh |
2
|
1
|
50%
|
Immidae |
1
|
1
|
100%
|
dridae | - | - | - |
Total Familles : 29 | - | - | - | Total Espèces : 575 |
575
|
227
|
39,5%
|
Tableaux de synthèse des espèces regroupées en familles et endémisme
|
SpT |
|
|
ER |
|
|
|
|
|
ER |
|
|
|
|
Sp | ER |
|
Tineidae |
51
|
Setomorphinae |
1
|
0
|
0%
|
Copromorphidae |
1
|
|
1
|
0
|
0%
|
Erebidae |
124
|
Aganainae |
1
|
0
|
0%
|
|
1 | Erechthiinae |
2
|
2
|
100%
|
Carposinidae |
6
|
|
6
|
6
|
100%
|
|
- | Arctiinae |
12
|
4
|
33,3%
|
|
1 | Hieroxestinae |
14
|
9
|
64,3%
|
Thyrididae |
1
|
Striglinae |
1
|
0
|
0%
|
|
Boletobiinae |
11
|
4
|
36,4%
|
|
|
1 | Myrmecozelinae |
1
|
0
|
0%
|
Pyralidae |
138
|
Galleriinae |
4
|
0
|
0%
|
|
-- | Calpinae |
13
|
2
|
15,4%
|
|
1 | Hapsiferinae |
5
|
5
|
100%
|
|
- | Epipaschiinae |
1
|
0
|
0%
|
|
- | Erebinae |
43
|
3
|
7%
|
Gracillariidae |
6
|
Gracillariinae |
3
|
1
|
33,3%
|
|
- | Chrysauginae |
1
|
1
|
100%
|
|
- | Eulepidotinae |
1
|
0
|
0%
|
|
1
|
Lithocolletinae |
1
|
1
|
100%
|
|
- | Pyralinae |
6
|
1
|
16,7%
|
|
- | Herminiinae |
12
|
8
|
66,7%
|
|
1
|
Phyllocnistinae |
2
|
1
|
50%
|
|
- | Phycitinae |
26
|
9
|
34,6%
|
|
- | Hypeninae |
18
|
7
|
38,9%
|
Lyonetiidae |
1
|
Cemiostominae |
1
|
0
|
0%
|
Crambidae | 102 | Crambinae |
6
|
1
|
16,7%
|
|
- | Hypenodinae |
2
|
1
|
50%
|
Yponomeutidae |
2
|
Praydinae |
2
|
1
|
50%
|
|
- | Acentropinae |
7
|
4
|
57,1%
|
|
- | Hypocalinae |
1
|
0
|
0%
|
Plutellinae |
1
|
Plutellinae |
1
|
0
|
0%
|
|
- | Cybalomiinae |
1
|
1
|
100%
|
|
- | Pangraptinae |
2
|
1
|
50%
|
Glyphiperigidae |
2
|
Glyphipteriginae |
2
|
1
|
50%
|
|
- | Musotiminae |
3
|
3
|
100%
|
|
- | Rivulinae |
2
|
0
|
0%
|
Batrachedridae |
1
|
|
1
|
0
|
0%
|
|
-
|
Scopariinae |
2
|
1
|
50%
|
|
- | Scoliopteryginae |
5
|
0
|
0%
|
Elachistidae |
2
|
Ethmiinae |
1
|
0
|
0%
|
|
- | Evergestinae |
1
|
0
|
0%
|
|
- | Toxocampinae |
1
|
0
|
0%
|
|
1
|
Parametriotinae |
1
|
1
|
100%
|
|
- | Odontiinae |
1
|
1
|
100%
|
Euteliidae |
8
|
Euteliinae |
2
|
1
|
50%
|
Oecophoridae |
26
|
Oecophorinae |
26
|
24
|
92,3%
|
|
- | Noordinae |
1
|
0
|
0%
|
|
- | Stictopterinae |
6
|
0
|
0%
|
Stathmopodidae |
2
|
|
2
|
2
|
100%
|
|
- | Glaphyriinae |
2
|
0
|
0%
|
Noctuidae |
64
|
Acontiinae |
9
|
3
|
33,3%
|
Cosmopterigidae |
4
|
Cosmopteriginae |
4
|
3
|
75%
|
|
-
|
Spilomelinae |
68
|
20
|
29,4%
|
|
- | Bagisarinae |
1
|
0
|
0%
|
Gelechiidae |
10
|
Pexicopiinae |
1
|
0
|
0%
|
|
- | Pyraustinae |
9
|
2
|
22,2%
|
|
- | Condicinae |
2
|
0
|
0%
|
Bedelliidae |
0
|
|
0
|
0
|
0%
|
|
- | Lathrotelinae |
1
|
1
|
100%
|
|
- | Eriopinae |
6
|
1
|
16,7%
|
|
1
|
Gelechiinae |
7
|
3
|
42,85%
|
Hyblaeidae |
1
|
|
1
|
0
|
0%
|
|
- | Eustrotiinae |
2
|
1 |
50%
|
|
1
|
Dichomeridinae |
2
|
0
|
0%
|
Uraniidae |
3
|
Epipleminae |
3
|
2
|
0%
|
|
- | Heliothinae |
1
|
0
|
0%
|
Choreutidae |
2
|
Choreutinae |
2
|
1
|
50%
|
Geometridae |
42
|
Ennominae |
7
|
6
|
85,7%
|
|
- | Hadeninae |
12
|
3
|
25%
|
Tortricidae |
55
|
Tortricinae |
23
|
22
|
95,65%
|
|
Geometrinae |
7
|
4
|
57,1%
|
|
-- | Noctuinae |
9
|
5
|
55,55% | |
|
- | Chlidanotinae |
2
|
1
|
0%
|
|
- | Oenochrominae |
1
|
1
|
100%
|
|
- | Plusiinae |
12
|
4
|
33,3%
|
|
- | Olethreutinae |
30
|
15
|
50%
|
|
- | Larentiinae |
16
|
7
|
43,75%
|
|
- | Xyleninae |
10
|
2
|
20%
|
Pterophoridae |
19
|
Ochyroticinae |
1
|
0
|
0%
|
|
- | Sterrhinae |
11
|
1
|
9,1%
|
Nolidae |
13
|
Bleninae |
1
|
1
|
100%
|
|
- | Pterophorinae |
18
|
2
|
11,1%
|
Sphingidae |
15
|
Macroglossinae |
11
|
2
|
18,2%
|
|
- | Chloephorinae |
8
|
0
|
0%
|
|
- | Platyptilinae |
1
|
1
|
100%
|
|
- | Sphinginae |
4
|
0
|
0%
|
|
- | Nolinae |
4
|
4
|
100%
|
Immidae |
|
|
1
|
1
|
100%
|
- | - | - | - | - | - | - | - | - | - | - | - |
Répartition des espèces par familles, sous-familles et endémisme
La classification actuelle est en train de chambouler profondément l'ordonnance des espèces dans les familles, sous-familles et genres des Noctuoidea, et l'avènement de l'ADN participe à la réorganisation des espèces dans les familles. Cependant l'étude des organes génitaux des deux sexes demeurent toujours indispensables, car ils sont une véritable "carte d'identité" pour chaque espèce. Ne pas en faire cas, entraîne des erreurs de détermination regrettables comme on le constate dans les publications publiées sur internet.
3- Présentation de l'endémisme
des espèces vivant à La Réunion
Les mécanismes de l'endémisme
- L'isolement d'une région, qu'elle soit insulaire
ou à l'intérieur d'un continent, favorise l'émergence
d'espèces particulières que l'on ne retrouve nulle part ailleurs.
De nouveaux caractères reproductibles de génération
en génération apparaissent tant au niveau des structures
externes (couleurs et formes), qu'internes (structures tympanales et génitales).
- De nouvelles conditions de vie favorisent ces caractères
L'émergence de ces caractères particuliers
est favorisée par les différences qui peuvent exister entre
les conditions biotiques et abiotiques des écosystèmes d'origines
et celles des écosystèmes d'arrivée.
- Si les populations nouvellement arrivées sont
importantes, le brassage génétique est important et la constance
des gènes initiaux des espèces est assurée.
- Si, au contraire, les populations nouvellement arrivées
sont faibles, des "dérives" génétiques apparaissent.
Elles ont pour conséquences l'apparition et le développement
de nouveaux caractères externes (formes, couleurs) et internes (modification
des structures génitales). Petit à petit elles deviennent
constantes et reproductibles. On parle alors de nouvelles espèces,
endémiques du lieu. Peu à peu les espèces ayant gardé
les caractères initiaux disparaissent au profit des nouveaux taxons.
Présentation de l'endémisme
des espèces vivant à La Réunion
Sur 567 espèces d'Hétérocères,
l'île possède 219 espèces strictement endémiques
de La Réunion et 22 des Mascareignes, soit 38,6 % pour La Réunion
et 42,5 % avec les Mascareignes. L'endémisme stricte des Mascareignes
est très faible, soit 3,9 % pour 22 espèces.
Le taux d'endémisme peut être très
différent selon les familles. Certaines d'entre-elles ne possèdent
que très peu d'espèces endémiques (Pterophoridae,
Arctiidae, Sphingidae) et d'autres ont la plupart de leurs représentants
endémiques (Tineidae/Hieroxestinae, Oecophoridae, Tortricidae).
Ainsi les Tortricidae, avec seulement 52 espèces
et 37 endémiques, ont un pourcentage de 71 % d'endémisme.
Les familles des micro-lépidoptères comme les Oecophoridae,
avec 24 espèces et 22 endémiques, ont un taux d'endémisme
de 92 %.
Recherche des origines des taxa
endémiques
L'habitus, ou caractères extérieurs, des
espèces endémiques ou supposées comme telles, et surtout
l'analyse de leurs structures génitales et tympanales (quand elles
existent), permettent de retrouver leurs origines primordiales, en les
comparant aux taxons de référence (holotypes et allotypes)
conservés dans les collections des grands musées nationaux
(Muséum National d'Histoire Naturelle de Paris et British Museum
de Londres).
C'est de cette façon que l'on détermine
leurs origines primordiales et que l'on classe les espèces les unes
par rapport aux autres. Pour l'île de La Réunion, comme pour
l'ensemble des îles de l'archipel des Mascareignes, les origines
lointaines des espèces endémiques sont essentiellement malgaches
et africaines.
4- Distribution altitudinale
des Hétérocères
Indicateurs biologiques : relations
Plantes-Insectes
Compte tenu d'un endémisme
important, les Hétérocères, avec les Coléoptères,
sont des indicateurs biologiques incontournables pour toutes les études
des écosystèmes. Les chenilles des Hétérocères
sont pratiquement toutes végétariennes, avec des plantes
spécifiques. Ainsi, dans un écosystèmes à étudier,
la présence d'un imago entraine aussi la présence d'au moins
une de ses plantes hôtes pour la nutrition de ses chenilles. Certaines
chenilles sont polyphytophages et ont donc plus de chance de se développer
que celles qui sont monophages. On peut dire qu'on a la relation suivante
: "à plante endémique insecte endémique" et réciproquement.
D'où la notion de bio-indicateurs.
Distribution de la végétation
Avant la venue de l'homme, l'île de La Réunion
possédait des ressources végétales et animales assez
exceptionnelles, avec un endémisme remarquable. Le saccage de l'île
en basse altitude par l'homme pour des intérêts financiers,
agricoles, industriels, à cause de la démographie galopante
et une mauvaise gestion des ressources naturelles, a singulièrement
réduit le patrimoine biologique.
-En basse altitude
Il ne reste que des reliquats des forêts endémiques
de jadis (forêt sèche "semi-xérophile" et forêt
humide "mégatherme hygrophile"). A la flore particulière
de ces forêts correspondait une entomofaune spéciale, tant
indigène qu'endémique.
-En moyenne altitude
Le massacre est moins important. Il reste des surfaces
importantes de forêts indigènes, renfermant un patrimoine
biologique unique. Cependant la politique d'aménagement des hauts
en faveur de l'agriculture met en danger la forêt primaire.
-En haute altitude
Sa végétation est caractérisée
par des formations éricoïdes endémiques très
spécialisées. Les bouleversements humains sont heureusement
très faibles, pour le moment, bien que des incendies criminels réguliers
fragilisent ce milieu. Si l'entomofaune de ces régions renferme
peu d'espèces, par contre l'endémisme y est important.
Paramètres de la distribution
La répartition des espèces se fait selon
des paramètres abiotiques et biotiques. Les paramètres les
plus importants et les plus faciles à prendre en compte sont :
A- Paramètres abiotiques
Température et humidité de l'air; durée
de l'ensoleillement, nature du sol, altitude et ventilation, présence
du milieu aquatique, ouverture des espaces.
B- Paramètres biotiques
- Relations plantes insectes
C'est certainement le paramètre le plus important.
On rappellera ici que les insectes végétariens se guident
sur les odeurs des plantes pour y effectuer leurs cycles de développement.
La plupart du temps les taxons sont reliés très étroitement
à une ou plusieurs essences végétales d'un même
groupe. Chez les espèces migratrices ou à vaste répartition
géographique les essences végétales nécessaires
à leur biologie sont plus diversifiées et peuvent concernées
plusieurs familles de plantes.
- Interactivité entre les habitants des écosystèmes.
Ce sont les interactions entre les éléments
constitutifs des chaînes alimentaires et des réseaux trophiques
(végétariens, parasites, carnassiers prédateurs et
hyperprédateurs)
Distribution altitudinale des
espèces
Pour faciliter la gestion des données informatisées,
il a été déterminé 13 niveaux d'altitude qui
semblent aller de paire avec les réalités des écosystèmes.
De 0 à 3.000 mètres les intervalles sont de 250 mètres,
excepté pour la première tranche que a été
divisée en deux (0-125 m et 125-250 m). Cependant le logiciel de
gestion que a été réalisé ne tient pas compte
de la limite littorale à l'altitude "0" mètre; les graphiques
ci-après de biodiversité et d'endémisme devraient
présenter normalement une chute en ce point. D'autre part il n'a
pas été tenu compte de la légère différence
qui existe entre la distribution altitudinale de la végétation
entre la côte Est et la côte Ouest.
Cependant malgré ces quelques limites mentionnées,
il est possible de présenter pour la première fois une distribution
altitudinale pour l'ensemble des espèces réunionnaises et
pour les espèces endémiques.
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en mètres |
d’espèces |
d’endémiques |
Mascareignes |
Exotiques |
endémisme |
Indig + Exot |
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Remarques sur la distribution
altitudinale de la biodiversité
- On constate que plus on s'élève en altitude
et moins la biodiversité des Hétérocères est
importante. Cela va de paire avec la biodiversité végétale
et son abondance.
- De 0 à 125 mètres, la biodiversité
est importante puisque 332 espèces ont été répertoriées.
- Puis elle chute dans la zone des 250 mètres
avec 200 taxons, d'une manière inexpliquée.
- Le maximum de biodiversité se situe dans la
zone des 500-750 mètres avec 363 espèces avec une végétation
arborée abondante.
- La zone des 2000 mètres correspond au changement
de végétation, avec la disparition de la strate arborée
au profit de la strate arbustive aux formations éricoïdes.
- Puis brutalement la biodiversité chute avec
la fin de la strate à formations éricoïdes d'altitude.
- En pourcentage, on remarque que le taux d'endémimse
des Hétérocères devient graduellement important avec
l'altitude, alors que le pourcentage en espèces non endémiques
devient très faible.
Droits d'auteurs
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la propriété de leurs auteurs. Pour toute utilisation, une
entente préalable est nécessaire.