Plantes médicinales de la pharmacopée réunionnaise à rencontrer le 2.11.2004 dans les secteurs du Maïdo et de la Réserve Biologique de Bois-de-Nèfles-Saint-Paul
Bien que nous indiquerons les propriétés individuelles attribuées à chaque taxon force est de constater que les « tisaneurs » ou tradipraticiens locaux utilisent rarement un seul « z’herbage » ou « plante-médicament », à la fois. Leurs « marcs de tisanes » ou morceaux de plantes desséchées est une «complication», c’est à dire un mélange de médicinales souvent en nombre impair : 3,5,7,9…(pratique médico-magique). Ils espèrent ainsi une synergie entre les végétaux : «rendre la tisane plus efficace».
1.- Herborisation à l’
«étage oligotherme» (Thérésien Cadet,
1980) du Maïdo
Bordure de
1.1. Verbascum
thapsus L., Molène ou Bouillon-blanc, Scrophulariacée
pectorale (Pellecuer, 1985) de la pharmacopée métropolitaine,
a ni nom vernaculaire à La Réunion, ni usage médicinal.
* Au Maïdo,
la plante invasive la mieux représentée est un arbrisseau
à ravissantes fleurs jaune d’or qui sentent le coprah râpé
ou l’huile de coco. Un botaniste breton reconnaîtra du premier coup
d’oeil Ulex europaeus L., appelé ici Zépinard,
non pour évoquer l’herbe à Popey, mais tout simplement pour
signifier le côté vulnérant de ses nombreux rameaux
épineux. Cette Légumineuse buissonnante est encore appelée
localement Genêt, bien que ses caractères botaniques
ne correspondent pas aux genres botaniques de la flore de France auxquels
se rattache ce charmant nom vernaculaire.
Cauchemar
végétal pour beaucoup d’écologistes, je me souviens
cependant avoir vu, dans un laboratoire australien spécialisé
dans la lutte biologique, de vertes tiges de cet Ulex europaeus
L., emmaillotées de fils de soie. De minuscules Acariens étaient
en train de dévorer le parenchyme chlorophyllien de cette peste
végétale ; il y a donc des possibilités de limiter
la biomasse de cet envahisseur.
Depuis l’avènement
du HIV de nombreux laboratoires se sont lancés dans la recherche
de substances actives contre les Virus.
Il se
trouve que la plante entière et les fleurs de l’Ajonc d’Europe ont
montré une activité antiherpétique (Girre & al.,
1987).
D’autres recherches
sur le même Ulex europaeus L. ont permis d’isoler une substance
active, in vitro, contre les Poliovirus ; cette molécule s’orthographie
ainsi :
7-0-bétaD-glucopyranoside
( De Rodriguez & al. 1990).
* Ma grand-mère
maternelle nous disait « amer à la goule, bon au corps »,
ce qui fait que je n’ai jamais rechigné à manger des légumes
piqués d’une pointe d’amertume. Cela fait penser à la «
Chicorée amère ». Autre nom-pays pas tout à
fait juste (quand on connaît les jolies fleurs bleu pervenche de
Cichorium
intybus L.) Hypochaeris radicata L. est ici appelée
Chicorée
(bien que ses capitules soient d’un jaune soutenu). J’ai plus d’une fois
consommé en salade cette Astéracée invasive, comme
s’il s’agissait de simples Pissenlits. J’ai cependant eu la surprise d’apprendre
que l’« ingestion probablement massive » de cette Porcelle
provoque chez les Chevaux « un dysfonctionnement des membres postérieurs
appelé symptôme de Harper bilatéral » (Priymenko
& Collignon, 2004).
1.2.
Dans quelques crevasses proches du « cassé »
du Cirque de Mafate, s’est installé Sophora denudata Bory,
Fabacée Papilionoidée endémique de La Réunion
(Polhill, 1990).
Georges Pothin
de la Plaine-des-Palmistes, tisaneur décédé, m’a dit
avoir guéri 7 ou 8 cancers de la peau avec les feuilles écrasées
de ce Petit-Tamarin-des-Hauts. Il ne s’agissait que d’un usage externe,
ce petit arbre à alcaloïdes (cytisine, oxymatrine) étant
considéré comme toxique (Lavergne, 1989) (Lavergne, Smadja
& Véra, 1990).
Les fleurs
jaune d’or de cette Légumineuse méso et oligotherme sont
souvent visitées par l’Oiseau-vert ou iseau-à-lunette (Zosterops
olivacea) (Barré & Barreau, 1982), Passereau nectaripote
et insectivore.
1.3.
Pionnière anémochore, Hubertia ambavilla Bory, [syn.
Senecio ambavilla (Bory) Pers.], est l’Ambaville, Astéracée
endémique de La Réunion (Hind, Jeffrey & Scott,1993).
Cet arbrisseau-arbuste à capitules à 5
ligules jaune pâle et à feuilles ayant un peu la taille et
l’aspect du Teucrium chamaedrys L.
En bains,
la décoction d’Ambaville est usitée pour traiter divers problèmes
cutanés : érythème fessier, bourbouille, dartres,
eczémas, démangeaisons, inflammations, brûlures, herpès…(Lavergne,
2004).
En boisson,
la tisane d’Ambaville est considérée comme «rafraîchissante»
(anti-inflammatoire) et dépurative, est utilisée contre le
« tambave » ou gastro-entérite du nourrisson, pour traiter
l’ulcère de l’estomac…(Lavergne, 2004).
Les Laboratoires
Roger et Bellon ont découvert dans l’extrait aqueux d’Hubertia
ambavilla Bory un complexe glucidique, actif contre l’ulcère
gastrique provoqué chez le Rat (Forgacs et al.,1981).
1.4. Hypericum
lanceolatum
Lam. subsp. angustifolium (Lam.) N.Robson, endémique de La
Réunion (Robson et Stevens, 1980) se rencontre à l’étage
oligotherme.
Ce Fleurs-jaunes ou Bois-fleurs-jaunes-des-Hauts
a des feuilles à nervures longitudinales subparallèles et
pas de nervures transversales. Il est utilisé comme médicinale,
indifféremment avec Hypericum lanceolatum Lam. subsp. lanceolatum
de la forêt mésotherme (voir 2.11.). Ces plantes aromatiques
servent à préparer des tisanes qui «rafraîchissent»
les intestins, le sang, la bile et les urines. Très appréciées
par les femmes, elles «rafraîchissent le bassin», participent
aux tisanes-ménopause, servent à lutter contre les pertes
blanches et les règles douloureuses, mais doivent être écartées
chez les «femmes en voie de famille» (enceintes) car elles
provoquent des pertes de sang (Lavergne, 2004).
Un travail
récent a montré une activité intéressante d’Hypericum
lanceolatum Lam. subsp. angustifolium (Lam.) N.Robson comme
anti-oxydant et anti-radicalaire (pour ralentir le vieillissement des cellules),
mais aussi pour «inhiber la fusion virale» dans le cas du VIH
(Poullain, 2004).
Plante nourricière
de l’Oiseau-vert, le Bois-fleurs-jaunes-des-Hauts délimite le territoire
de ce petit Passereau endémique.
1.5.
Extrêmement commun dans la « lande altimontaine » (oligotherme)
si elle n’a pas été dévastée par les feux,
le Branle-vertErica reunionensis E.G.H. Oliv., [syn. Philippia
montana (Willd.) Klotzsch] (Boullet & al., 2003) ne sera rencontré
que sur quelque espace clairiéré en forêt mésotherme.
Cette Bruyère
endémique de La Réunion (Friedmann, 1981) bien qu’inusitée
dans la pharmacopée locale a montré au laboratoire au niveau
de ses feuilles des effets anti-hypertensifs ou diurétiques (A.
et H. Adersen, 1997).
2.- Herborisation à l’« étage mésotherme »
(Cadet, 1980) du Bois de Sans-Souci puis à Cambour en la Réserve
Biologique des Hauts de Bois-de-Nèfles-Saint-Paul.
A –
Vers Ilet Alcide par le Plateau Damour, la ligne domaniale et la Terrasse
(autre point de vue sur le Cirque de Mafate) : amorcé vers la courbe
de niveau 1350 m d’altitude, notre circuit franchira la ligne domaniale
vers 1450 m. Juste après, nous entrerons dans la Réserve
Biologique. Cet itinéraire est balisé par des piquets à
embout distal peint en jaune.
II
Une forêt primaire pénétrée et exploitée
même partiellement par l’Homme reste peu de temps vierge. Elle est
assez rapidement colonisée par tout un cortège de plantes
invasives.
Pour
le Colloque de la SEPANRIT organisé en 1979 à Saint-Denis
de La Réunion nous avons rédigé et illustré
16 fiches concernant des plantes exotiques naturalisées que nous
jugions parmi les plus envahissantes en créant l’expression pestes
végétales (Lavergne, 1978); cette locution a suffisamment
frappé les esprits, ce qui fait que depuis lors presque tout le
monde l’utilise.
Au long de notre circuit forestier, nous rencontrerons là quelques
espèces modérément invasives : à périanthe
rouge et à fruits comestibles, Fuchsia boliviana Carrière,
Onagracée originaire des régions tropicales d’Amérique
du Sud, est un de nos Flambeaux-d’amour ; à corolles gamopétales
pourpres et à capsules matures évoquant une tête de
mort libérant par ses orbites de petites graines ailées,
Maurendia
erubescens (D.Don ex Sweet) A. Gray, Scrophulariacée originaire
du Mexique est le Creeping-Gloxinia des Anglosaxons (Graf,1981)…
Peu communs sur notre circuit forestier assez préservé des
impacts humains, mais très répandus ailleurs, le Goyavier
Psidium cattleianum Sabine, «probablement originaire de la côte
est du Brésil» (Scott, 1990), est une Myrtacée hygrophile
à fruits charnus très appréciés ; le Galabert
Lantana camara L a du mal à montrer ses fleurs sur les défrichés
colonisés par une dense Ptéridaie à Fougère-parasol
Pteridium
aquilinum (L.) Kuhn.
2.1.
A corolles violettes et étamines jaunes évoquant les fleurs
de la Pomme-de-terre,
Solanum mauritianum Scop, [syn. Solanum
auriculatum Aiton], Solanacée originaire du sud-est de l’Amérique
méridionale (Scott, 2000) est localement désignée
par Bringellier-marron,
Tabac-marron,
Papier-u : cette
dernière espèce appelée Sevabe à Madagascar
y est utilisée pour les nerfs (hozatra maharary), le point de côté
(tevika), le mal au talon, au pied, à la jambe (tongotra vakivaky)
( Descheemaeker, 1979). Elle est considérée sur la Grande
Ile comme un «désinfectant général»; l’eau
de lavage de ses cendres y est utilisée en cas «d'ulcères
à l'estomac ou du duodénum» et contre l’hypotension.(
Boiteau & Allorge, 1998).
Solanum
mauritianum Scop n’avait pas d’usage thérapeutique à
La Réunion que je connaisse quand vint à mes oreilles ce
1er août 2004 cette information intéressante. Yann Ian, planteur
à l’Ilet-des-Salazes m’apprend qu’il suffit d’utiliser les feuilles
de ce Bringellier-marron comme papier toilette pour faire disparaître
les hémorroïdes, en 3 jours. Si vous ne disposer pas de feuilles
fraîches de Solanum mauritianum Scop pour essayer pendant
72 heures cette simple indication, et surtout si vous ne pensez pas venir
à bout de votre crise hémorroïdaire de cette manière,
cueillez des feuilles de cette bonne peste que vous mettrez bouillir ;
utilisez alors en bain de siège cette décoction refroidie
et conservée au frigidaire : principe traditionnel, il faut traiter
avec un remède du froid une maladie du chaud.
2.2.
Lantana camara L., semi-xérophile, est une Verbénacée
néotropicale particulièrement envahissante dans la région
Sous-le-Vent de notre île. Nous appelons cette plante invasive Galabert,
Corbeille-d’or,
Lantana,
Caca-Martin. Ce dernier nom
vernaculaire évoque les petits fruits bleu-noir sucrés à
graines retrouvées dans les fientes du Martin-triste Acridotheres
tristis (Barré & Barreau, 1982). Le deuxième nom
vernaculaire Corbeille-d’or – attribué à une Brassicacée
printanière cultivée en Métropole – conviendrait mieux
pour désigner les cultivars ‘Drap d’or’ ou ‘Sundancer’ (Don Ellison,
1995) à corymbes uniformément jaune d’or, les deux variétés
naturalisées du Lantana camara L. étant loin d’avoir
cette couleur solaire. Le Galabert-blanc n’a que de petites corolles
qui oscillent entre le jaune pâle et le rose pâle ; le Galabert-rouge
flirtant avec la couleur écarlate.
L’ancien défriché
du Plateau Damour est essentiellement colonisé par la Fougère-parasol
Pteridium
aquilinum (L.) Kuhn. On y trouve cependant un peu de Galabert-blanc,
la variété aculeata du Lantana camara L.. Cette
plante aromatique permet de préparer d’agréables tisanes.
Cependant d’après le Révérend Père Clément
Raimbault, il semblerait que le Galabert-rouge (la variété
camara)
soit plus efficace sur le plan thérapeutique. Nous retrouverons
ces deux variétés bicolores sur un autre défriché
traversé lors de notre retour vers la Route Forestière. des
Cryptomérias (voir 2.22.).
2.3.
Framboisier-de-Java,
Rubus alceifolius Poir. est nettement plus
hygrophile que Lantana camara L. donc surtout présent dans
la région Au-Vent. C’est sans conteste notre peste végétale
n°1 (Lavergne, 1978). Déjà décriée au 19ème
siècle, cette Rosacée javanaise (Friedmann, 1997), elle aussi
ornithochore, est appelée
Raisin-marron,
Raisin-Picard,
Vigne-marronne,
Z’Epine
surtout pour désigner ses feuilles qui évoquent celles de
Vitis
vinifera L.. Bien que très commune cette invasive n’est pas
rentrée dans la pharmacopée réunionnaise officielle.
Suite à
l’article intitulé Maudites Ronces que nous lui avons consacré
(Lavergne, 1980), un lecteur nous écrivit l’avoir utilisé
en bain de siège avec succès pour venir à bout d’une
« gratelle » mal placée (prurit scrotal et périnéal).
Apprendre
que les racines de la Vigne-marronne « sont utilisées pour
les cures d’amaigrissement » par le dernier tisaneur de l’Entre-Deux
(Boudet, 2002) me laisse un peu rêveur. Il est vrai que lutter contre
la surcharge pondérale est devenu un souci esthétique et
médical incontournable.
2.4.
Omniprésent en bordure de la Route Forestière.des Cryptomérias,
tout aussi bien qu’en marge des sentiers tracés en forêt,
Ageratina riparia (Regel) R.M.King et H.Robinson, [syn. Eupatorium
riparium Regel] (Hind, Jeffrey & Scott,1993), Astéracée
anémochore, est devenue ces quinze-vingt dernières années
une plante invasive, une nouvelle peste végétale, médicinale
échappée de jardins.
Curieusement
appelée
Jouvence-de-l’Abbé-Souris ou à tort
Orthosiphon, cette plante exotique est une des plus utilisées
pour ses prétendues propriétés antihypertensives.
L’emploi du test ACE (Angiotensin Converting Enzym) a montré que
cette herbe sous-ligneuse originaire du Mexique et des Antilles était
pratiquement inactive contre l’hypertension (A. et H. Adersen, 1997).
Cette Composée,
à capitules pourvus seulement de fleurons blancs, est aussi utilisée
contre la mauvaise circulation du sang, pour soigner les varices et les
veines gangréneuses, pour traiter l’excès d’urée et
de cholestérol (Lavergne, 2004).
Autres plantes invasives non utilisées comme médicinales le Longose-bicolore Hedychium gardnerianum Ker-Gawl, Zingibéracée des régions Est de l’Himalaya, l’Acacia Acacia mearnsii De Wild, Fabacée Mimosoïdée australienne, jadis semée en marge des cultures de Géranium-rosat pour servir de bois de chauffe lors de l’hydrodistillation de ce Pélargonium hybride sentant bon la Rose.
II II Des taxa assez communs, communs à très communs de la forêt primaire mésotherme dite « forêt de Bois de couleurs des Hauts ».
2.5. Melicope
borbonica (Bory) T. G. Hartley, [syn. Euodia borbonica var.
borbonica (Bory) Engl.] (Coode, 1979) (Simonsen, Adsersen, Smitt, Strasberg
& Jaroszewski, 2003), le Petit-Bois-de-Catafaille, est une Rutacée
à feuilles simples, endémique de La Réunion.
Je me souviens
avoir vu dans une dame-jeanne un peu de ce Catafaille au sein d’un
marc de tisane où Mr Georges Pothin allait verser du rhum. Quant
à Mme Anne Poleya, elle mettait « afiger » (macérer)
du bois râpé et des feuilles hachées de Catafaille
dans de «l’alcool bleu» (alcool à brûler) uniquement
pour se «brosser» (frictionner).(Lavergne, 1989) (Lavergne,
Smadja & Véra, 1990).
A « forte odeur aromatique rappelant celle de l’huile
rance » (Cordemoy, 1895), les feuilles de cette Rutacée aromatique
sont peu ou pas utilisées en tisanerie. On en a extrait une huile
essentielle plus dense que l’eau. et mis en évidence abondance alcaloïdes,
ce qui lui conférerait une certaine toxicité (Lavergne, 1989)
(Lavergne, Smadja & Véra, 1990). Néanmoins, un Catafaye
mauricien était employé comme vulnéraire, tonique,
amer, dépuratif et sudorifique (Daruty, 1886).
Melicope
borbonica (Bory) T. G. Hartley a récemment montré une
certaine activité antifungique (Poullain, 2004).
2.6.
A feuilles composées paripennées comme les exotiques Savonnier
Sapindus saponaria L.f. inaequalis (DC) Radlk., Létchi Litchi
sinensis Sonn., Longani Euphoria longan (Lour.) Steud, Molinea
alternifolia Willd. est une Sapindacée endémique de La
Réunion et de Maurice (Friedmann, 1997). Nous l’appelons , Tan-Georges
et le distinguons du Bois-de-gaulettes, Doratoxylon apetalum
(Poir.) Radlk. par ses domaties.
Plante astringente
par ses tanins catéchiques, le Tan-Georges était utilisé
en gargarisme contre les angines et en boisson contre les diarrhées
chroniques et les dysenteries (Lavergne, 1989) (Lavergne, Smadja &
Véra, 1990). Aujourd’hui pratiquement inusité, Frantz Ledoyen
dit Kakou, tisaneur à l’Entre-Deux l’utilise encore «pour
la tension». Une activité antihypertensive ou diurétique
s’est d’ailleurs manifestée au laboratoire sur des feuilles sèches
traitées à l’eau et à l’éthanol (A. et H. Adersen,
1997).
2.7.
Notre Change-écorce,
Goyave-marron ou Gouyave-marron
est Aphloia theiformis (Vahl) Benn., une Flacourtiacée indigène
très prisée comme fébrifuge dans la Pharmacopée
Malgache. Les Madécasses le consomment généralement
en le parfumant avec des morceaux de Vanille et de l’utiliser quotidiennement
n’hésitent pas à l’appeler Thé. On a identifié
dans le taxon malgache de l’« aphloïol », un flavonoïde
qui prévient la lyse des hématies (Boiteau, 1979).
Cet arbrisseau-arbuste
à feuilles évoquant celles de Camellia sinensis (L.)
Kuntze, [Thea sinensis L.] est surtout considéré comme
«rafraîchissant», pour « rafraîchir le sang
» (dépuratif), « rafraîchir les urines »
(albuminurie, cystite), « rafraîchir la bile » (ictère
ou jaunisse), pour le « dérangement d’estomac » et «
rafraîchir les intestins » (corriger les inflammations gastro-intestinales)
(Lavergne 2004).
Les feuilles
d’ Aphloia theiformis (Vahl) Benn. se montrent au laboratoire moyennement
diurétiques (A. et H. Adersen, 1997).
Le médicament
Canol
vendu en pharmacie contient de l’Aphloia. Il est prescrit
comme cholérétique (pour accroître la sécrétion
biliaire) et pour stimuler l’élimination de l’eau (Vidal, 1983).
2.8. Euphorbiacée avec deux variétés endémiques, Phyllanthus phillyreifolius Poiret est à La Réunion le Bois-Cafrine, Bois-de-ravine,Faux-Bois-de-demoiselle. Il compte 6 variétés à Maurice, appelées Bois-dilo, Bois-balié-la-rivière... Deux médecins de nos îles-sœurs en feront sensiblement les mêmes remèdes contre les coliques néphrétiques, la cystite, la leucorrhée, la diarrhée, la dysenterie (Daruty, 1886) (Cordemoy, 1895). Le médecin mauricien Clément Daruty la disait astringente et diurétique; nous avons retrouvé l’application de ces propriétés contre la diarrhée et pour augmenter le volume des urines (Lavergne, 1989) (Lavergne, Smadja & Véra, 1990). Son pouvoir diurétique a été démontré par un test enzymatique (A. et H. Adersen, 1997).
2.9. Nuxia verticillata Lam., Loganiacée endémique de La Réunion et de Maurice (Leeuwenberg, inédit) est notre Bois-maigre, utilisé au 19ème siècle comme remède dépuratif et antivénérien. Le R.P. Raimbault le prescrira contre l’albuminurie (Raimbault, 1948) (Lavergne, 2000), recette que reprendra le R.P. Franck Dijoux et que d’autres usagers étendront à l’excès d’urée ou de cholestérol dans le sang (Lavergne, 1989) (Lavergne, Smadja & Véra, 1990).
2.10.
Antirrhea borbonica J.F. Gmelin, [syn. Antirrhea verticillata
(Desr.) DC], endémique de La Réunion et de Maurice (Verdcourt,
Leroy & Tirvengadum, 1989), est notre Bois-D’osto, Bois-losto,
Bois-d’ousteau…regardé
jadis comme un bon astringent, « hémo-statique puissant »,
capable de corriger les « flux divers » (hémorragies,
diarrhées, dysenteries) (Daruty, 1886) (Cordemoy, 1895).
Appelé
Bois-lousteau à Maurice, cette plante y est utilisée seule
ou en mélange avec d’autres médicinales pour lutter contre
les diarrhées chroniques et la dysenterie (Gurib-Fakim, 2002).
Bien que cette
Rubiacée (à feuilles verticillées par trois et porteuses
de domaties) soit encore parfois usitée à La Réunion
pour son astringence, elle est aujourd’hui surtout prisée pour soigner
des pathologies plus modernes : « l’excès de sucre et de graisse
dans le sang » (diabète hépatique ou sucré et
hypercholestérolémie) ou bien traiter «l’ulcère»
de l’estomac et du duodénum.
En rapport
avec la féminité, le R.P. Franck Dijoux me dira qu’avec le
Bois-d’osto, il n’y a «rien de tel pour faire venir les règles»
et que ce remède est «plus fort que le Thym» (Lavergne,
1989) (Lavergne, Smadja & Véra, 1990) (Lavergne, 2004).
Au laboratoire,
avec ses feuilles, on a recherché une action diurétique qui
s’est révélée positive (A. et H. Adersen, 1997).
2.11.
Bois-fleurs-jaunes
de forêt Hypericum lanceolatum Lam.
lanceolatum, lui à feuilles à nervation pennée,
est indigène de La Réunion et de La Grande Comore (Robson
et Stevens, 1980). Nous rappelons qu’on lui prête les mêmes
propriétés populaires qu’Hypericum lanceolatum Lam.
subsp. angustifolium (Lam.) N.Robson ( voir 1.4.).
En bordure
de la route grimpant vers le «cassé» du Maïdo,
il nous est arrivé de trouver du Fleur-jaune présentant
des caractères morphologiques intermédiaires entre ses deux
sous-espèces. L’analyse chimique de son huile essentielle a montré
une composition intermédiaire entre celles des deux sous-espèces
types, ce qui a confirmé les caractères hybrides de ce nouveau
sujet.
II II II Des taxons rares à peu communs de cette forêt
de montagne où domine les Mahots (Dombeya spp.), Malvacées
ex Sterculiacées ou Dombeyacées (Vincent Boullet).
2.12.
Badula barthesia (Lam.) DC est un Bois-de-savon endémique
de La Réunion (Coode, 1981). Son écorce fut utilisée
comme purgatif (Cordemoy, 1895). Nos tisaneurs actuels l’ont utilisé
contre la cystite, la gastrite donc comme plante «rafraîchissante»
(anti-inflammatoire)…mais aussi «pour la circulation» et les
maladies de la peau . Au laboratoire, ses feuilles ont montré un
bon effet diurétique (A. et H. Adersen, 1997).
Espèce
protégée,
Badula borbonica DC est plus riche en saponosides
que Badula barthesia (Lam.) DC ce qui lui conférerait un
pouvoir «rafraîchissant» accru; mais ne tentons pas le
diable vert (Lavergne, 1989) (Lavergne, Smadja & Véra, 1990)
!
2.13. Rubus apetalus Poir.var. apetalus, [syn. Rubus borbonicus Pers.], indigène de notre île existe aussi à Madagascar et en Afrique orientale (Friedmann, 1997). Son nom de Ronce-blanche lui vient du tomentum blanchâtre présent sous ses folioles. Ses fruits avortent souvent. On lui prêta jadis des propriétés tonifiantes, fébrifuges, astringentes. D’usage suranné, cette Ronce qui contient phénols, flavonoïdes, saponosides, tanins catéchiques (Lavergne, 1989) (Lavergne, 1990) a certainement des propriétés astringentes et anti-inflammatoires qui pourraient être mises à profit comme celles de Rubus alceifolius Poir. en gargarismes quand on a mal à la gorge ou en boisson pour corriger des selles par trop liquides (diarrhée, dysenterie).
2.14.
Dans la Réserve Biologique, peu avant la bifurcation du Chemin Cambour
balisé par des poteaux à «tête» bleue,
se trouve la Mimeuse-hétérophylle, une parente tétraploïde
de l’Acacia melanoxylon R. Br. australien. Prés de ce remarquable
Tamarin-des-Hauts ou Chêne-de-Bourbon
Acacia heterophylla
Willd. de 19 m de haut, de plus de 400 ans, nécessitant 3 personnes
se donnant la main pour faire le tour du tronc, se trouve un
Bois-de-Nèfles-à-petites-feuillesEugenia
buxifolia Lam., une Myrtacée endémique de La Réunion
(Scott, 1990).
Ce Bois-de-Nèfles
était jadis regardé comme un dépuratif et son écorce
« vantée contre les cystites catarrhales ». Seule indication
actuelle, son écorce est râpée avec rajout de sel et
d’eau avant d’être utilisée contre l’angine (Lavergne, 1989)
(Lavergne, Smadja & Véra, 1990).
De ses feuilles
apparemment non aromatiques, Robert Véra a pu obtenir par hydrodistillation
un peu d’huile essentielle. Or toutes les H.E. sont actives !
2.15. Il paraîtrait que l’écorçage sauvage du Tan-Rouge Weinmannia tinctoria Sm., endémique de La Réunion et de Maurice (Scott & Bosser, 1997), servirait à préparer des décoctions amaigrissantes. Les feuilles caractéristiques de cette Cunoniacée, elles aussi nouvelles pour la pharmacopée réunionnaise, ont fourni des tests ACE positifs pour accroître le travail des reins ou faire baisser la tension (A. et H. Adersen, 1997).
2.16.
Pittosporum senacia Putterl. compte à La Réunion la
sous-espèce
senacia
endémique de notre île et
de Maurice, et la sous-espèce
reticulatum (Tul.) Coode endémique
seulement de notre île (Coode, 1980). Nous avons retrouvé
un pied de chaque sous-espèce; subsp.
senacia ayant des feuilles
à marge ondulée, subsp.
reticulatum (Tul.) Coode ayant
un limbe plat. Leur nom pays de Joli-cœur ou Bois-de-joli-cœur
vient sans doute de leurs fruits oranges qui s’ouvrent par deux valves
pour libérer des graines à arille visqueux rouge-orangé,
attractif pour les Oiseaux. Cette couleur attractive est malheureusement
aussi celle des graines du Longose-bicolore extrêmement fructifère,
espèce terrestre qu’on peut néanmoins retrouver en position
épidendre (ou épiphyte) sur des troncs couchés de
Tamarins-des-Hauts qui ont servi de perchoir à des Oiseaux forestiers
granivores-frugivores.
Les Jolis-cœurs
ont connus divers usages thérapeutiques : soigner le «tambave»
ou gastro-entérite du nourrisson, la fièvre, les crises nerveuses
(Daruty, 1886), traiter l’angine couanneuse, les maladies vénériennes
(Cordemoy, 1895).
Sans doute
par analogie avec ce nom-pays, certains tisaneurs en font un remède
du cœur et par extension un «médicament» contre l’excès
de tension artérielle. D’autres l’utilisent contre les furoncles,
« pour la bile et l’appétit », contre le diabète,
les refroidissements, les rhumatismes(Lavergne, 1989) (Lavergne, Smadja
& Véra, 1990).
Appelé
Bois-carotte ou Bois-malbar à Maurice, Pittosporum senacia
Putterl. subsp. senacia y est utilisé contre l’asthme et les rhumatismes
(Wong Ting Fook, 1980), pour traiter la stérilité et l’aménorrhée
(ou absence de règles) avec recommandation d’éviter ce traitement
chez la femme enceinte ( Adjanohoun & al., 1983).
Mr Pierre
Jasmin, notre Président de l’APLAMEDOM, aimerait faire une thèse
sur les Jolis-cœurs. Il y voit déjà des réservoirs
de dopamine !
B.
D’Ilet Alcide à la R.F. des Cryptomérias, d’abord par le
sentier de Sans-Souci avant de bifurquer pour refermer la boucle pédestre.
Ce dimanche 25 juillet 2004, nous ne nous attendions
pas de voir gravé sur bois des mises en garde dissuasives : «
sentier fermé par arrêté municipal », «
sentier non sécurisé ». Je savais que le seul obstacle
dangereux de ce sentier était à négocier par une échelle
en bois. Nous nous décidions donc à le prendre en sens inverse
de ce que nous avions prévu. De croiser un athlète courant
avec son Chien nous rassura. Il avait franchi l’échelle aisément
avec son Chien sur les épaules. Nous fûmes 7 à descendre
cette échelle, comprenant mal le « principe de précaution
» affiché par la municipalité de Saint-Paul. Il est
vrai qu’en cas d’accident c’est pour elle un moyen habile de se «
dédouaner ». Nos membres de la Société Botanique
de France, même vétérans, n’auront aucun mal à
franchir ce ressaut qui mériterait une échelle métallique.
2.17. Psiada dentata (Cass.) DC, Astéracée
endémique de La Réunion, est appelé aujourd’hui Ti-Mangue,
à cause de l’odeur de ses feuilles, ou, Herbe-trois-jours,
ayant la réputation de faire mûrir un furoncle en 72 heures,
après application d’un cataplasme de ses feuilles.
Nous avons
remarqué ce petit arbrisseau à Ilet Alcide près d’une
des trois tables et quelques pieds sur le nouveau sentier du retour. Au
long des sentiers du retour, des lianes ou plantes sarmenteuses pas, ou
peut-être déjà, rencontrées.
2.18.Toddalia asiatica (L.) Lam., Rutacée indigène
que la plupart des tisaneurs actuels appellent Ronce, était
la Liane-Patte-Poule-à-piquants; c’est une nouvelle «
coche » concernant nos herborisations.
Jadis son
écorce amère fut considérée comme un succédané
du Quinquina. On utilisa ses feuilles comme fébrifuge, pectoral,
tonique-amer, dépuratif, vulnéraire…utilisées pour
combattre l’asthme, la pleurésie, la bronchite, le tambave, la diarrhée.
Les tisaneurs
de notre époque, s’en servent «pour les fortes fièvres»,
la dengue, les refroidissements, la toux, contre les douleurs musculaires
et ligamentaires, les entorses, pour des règles douloureuses ou
trop abondantes (Lavergne, 1989) (Lavergne, Smadja & Véra, 1990).
Je me souviens
que dans un Précis de Matière Médicale Malgache Toddalia
asiatica (L.) Lam. est un ocytocique, c’est à dire un remède
qui active l’accouchement (Boiteau, 1979). Quand on saura que l’un de ses
alcaloïdes, la «toddaline» est un poison neuromusculaire
et un dépresseur du cœur ( Chopra, Chopra & Nayar, 1956), on
utilisera cette drogue végétale avec circonspection.
Natif du Mozambique,
de Madagascar, de l’Inde, des Mascareignes…je me souviens avoir vu Toddalia
asiatica (L.) Lam. à la Grande Comore, en forêt clairiérée
dans la partie basse du Karthala. Le 23 juin 1994, nous herborisions à
1250 m sur la Mandraka avec un Malgache qui nous appela Toddalia asiatica
(L.) Lam. Anakatsimba ou Voasarikelinikalavola et nous dit utiliser cette
liane épineuse (porteuse de mandarines miniatures sans trichocystes)
pour préparer des amulettes utiles pour « se préserver
des Sorciers ».
Ayant ajouté
quelques feuilles trifoliolées de cette plante de la famille des
Agrumes à une tisane composite, je ne suis pas près de recommencer
tant le breuvage obtenu avait mauvais goût.
2.19.
Rencontré çà et là au cours de notre excursion
botanique, Smilax anceps Willd. est ici appelé Croc-de-Chien
à cause des aiguillons que portent la base des vieilles tiges, «crocs»
qui laissent un souvenir douloureux aux jambes dénudées qui
ont eu à les affronter.
Cette espèce
tropicale, indigène en Afrique, à Madagascar, aux Comores,
aux Seychelles, à Maurice et à La Réunion (Marais
& Coode, 1978), n’est pas sans rappeler Smilax aspera L. , la
Salsepareille-d’Europe (Fournier, 1961). En souvenir de la cuisine sauvage
du Midi de la France, il m’est arrivé de cueillir une botte de jeunes
pousses de ce Smilax anceps Willd. et de les faire cuire à
la vapeur. Ce fut délicieux, meilleures que des Asperges.
Smilax anceps Willd. fut regardé
comme un «excellent sudorifique», un rafraîchissant,
un dépuratif, un stomachique, un léger purgatif. Ses racines
permirent de soigner le tambave, l’entérite, la dysenterie, les
« affections de poitrine », les « maladies syphilitiques
».
Les tisaneurs
de notre époque font avaler ses fruits contre les furoncles, utilisent
encore ses racines comme rafraîchissant et contre le tambave, pour
soigner les reins et la vessie, pour traiter le diabète (Lavergne,
1989) (Lavergne, Smadja & Véra, 1990).
A Madagascar,
Smilax anceps Willd. est utilisé contre l’uricémie
ou excès d’acide urique dans le sang (Boiteau, 1979).
2.20. Quand
je pense Clématite, je pense aussitôt toxicité.
Je me souviens
avoir revu
Clematis mauritiana Lam. sur la Mandraka à Madagascar.
Cette Renonculacée que nous appelons Liane-arabique ou Liane-marabit
est effectivement indigène de Madagascar, de La Réunion et
de Maurice (Coode, 1980).
Sans usage
actuellement, cette Clématite fut utilisée à l’extérieur
du corps comme vésicante, « plus active que la cantharide
» « Les feuilles appliquées sur la peau y déterminent
la rubéfaction, et en soulèvent fortement l’épiderme
»; on s’en servit donc contre le lumbago et « d’autres rhumatismes
cutanés ».On osa cependant – ignorant sa vénénosité
-- préparer cette plante desséchée en infusion, lui
prêtant une «grande vertu dépurative» (Lavergne,
1989) (Lavergne, Smadja & Véra, 1990).
2.21.
Je n’ai trouvé qu’un jeune pied de Danais fragrans (Lam.)
Pers. reconnaissable à son écorce noire, ce qui lui a valu
le nom de Lingue-noir.
Liane-jaune lui vient peut-être
de l’écorce orange de ses racines, couleur due à des anthraquinones,
substances aux propriétés laxatives.
Cette Rubiacée,
indigène à Madagascar, à Maurice et à La Réunion,
fut chez nous considérée « douée comme le Quinquina
de vertus fébrifuges » : elle servit donc à soigner
les fièvres. Regardée comme «un vulnéraire très
actif», on s’en servit contre les ulcères, les gerçures,
les dartres, l’eczéma, les hémorroïdes, les fissures
anales.
Assez délaissée
par les tisaneurs de cette fin du 20ème siècle, Danais
fragrans (Lam.) Pers. se trouve assez diversement employée,
traitant aussi bien les crises de nerfs, l’«accés jaune»
(hépatite et jaunisse), l’ulcère d’estomac et la constipation
(Lavergne, 1989) (Lavergne, Smadja & Véra, 1990).
2.22.
Embelia angustifolia
(A.DC) A.DC est avec la Fougère-bleue
Histiopteris incisa (Thunb.) J.Sm., le Calumet Nastus borbonicus
J.F.Gmelin… une plante habituellement compagne du Tamarin-des-Hauts. Nous
n’avons trouvé qu’un pied de cette Liane-savon ou Queue-aigre.
Mâchonnée, sa tige a effectivement un goût aigrelet.
Embelia
angustifolia
(A.DC) A.DC est endémique de La Réunion
et de Maurice (Coode, 1981). L’écorce de sa tige est effectivement
riche en saponosides ce qui fait que la plante porte bien son nom. Composés
aux propriétés moussantes, les saponosides confèrent
à la plante qui en contient des propriétés rafraîchissantes
(voir en 2.12. un Bois-de-savon).
La Liane-savon
fut « très usitée contre les maladies des voies urinaires,
les coliques néphrétiques, la cystite, etc » (Cordemoy,
1895).
Les
tisaneurs de notre époque sont unanimes pour la considérer
comme « un bon rafraîchissant ». Utilisée pour
les maux de reins et les calculs urinaires, elle est « bue à
la soif » contre la « rétention d’urine » et pour
« rafraîchir la vessie ». Appréciée des
« personnes âgées à l’estomac fatigué
», elle est découpée en petits morceaux pour servir
à préparer une macération ou « infusion à
froid », avant d’offrir le breuvage désiré qui a «
bon goût ».
Au laboratoire,
ses feuilles ont un faible effet diurétique avec de l’eau, un effet
plus important avec l’alcool (éthanol) (A. et H. Adersen, 1997).
gg Zone dégagée nous offrant une vue panoramique
sur le littoral : un ancien champ de Géranium-rosat.
Comme on pouvait s’y attendre, cet ancien défriché jadis
mis en culture est aujourd’hui colonisé par la très envahissante
Fougère-parasol Pteridium aquilinum (L.) Kuhn. qui laisse
peu de place à quelques pieds de Bégolia ou Bec-Zozo-marron
à racine à odeur médicamenteuse et à fleurs
à ne pas prendre pour une Papilionacée puisqu’il s’agit de
Polygala
virgata thunb. var. decora (sond.) Harv. d’Afrique australe
(Marais, 1980), à quelques touffes de l’Herbe-rose-collante
Melinis
minitiflora P. Beauv., Poacée africaine qui ne résiste
pas au passage des feux (Bosser, 1969) et à d’autres plantes considérées
comme médicinales dont nous allons vous entretenir. Pour une remise
en valeur de cette fougeraie spontanée, un jeune reboisement en
Acacia
heterophylla Willd., un des arbres rois de l’ébénisterie
réunionnaise.
2.23.
En bordure de sentier quelques pieds de Géranium-rosat, le supposé
Pelargonium x asperum Ehrh. ex Willd. (Marais, 1987).
Le cultivar
‘Rosé’ est un Géranium-rosat typique, heptaploïde, à
2n = 77 chromosomes. Il s’agit d’un hybride F1 issu d’un croisement entre
Pelargonium capitatum (L.) L’Herit. à gamètes à
33 chromosomes et un Pelargonium compatible à gamètes
à 44 chromosomes, soit Pelargonium radens H.E.Moore [syn.
P.radula (Cav.) L’Hérit.], soit Pelargonium graveolens
L’Herit., « ces deux dernières espèces étant
très proches l’une de l’autre » (Demarne, 1989). Hypothèse
fausse que celle d’un autre croisement supposé entre P. graveolens
et P. radens, puisque l’hybride F1 obtenu aurait 2n = 88 chromosomes
(Marais, 1987).
« La
qualité de l’huile essentielle du cultivar ‘Rosé’, et plus
généralement des Géraniums-rosat, résulte de
l’équilibre entre d’une part des teneurs modérées
en cétones monoterpéniques (menthone et isomenthone), et
d’autre part des teneurs importantes en alcools monoterpéniques
(citronellol, géraniol, linalol) » (Demarne, 1989).
Reconnue cicatrisante,
hémostatique, antiseptique, antalgique, parasiticide, antifongique…l’huile
essentielle de Géranium-rosat est utilisée à l’extérieur
pour soigner plaies, brûlures, coupures, eczémas secs, dartres,
engelures et ulcérations diverses, inflammation hémorroïdaire,
prurit, pédiculose, ophtalmie, névralgies faciales, douleurs
lombaires, mastite, engorgement des seins; en enduction cutanée
elle éloigne les Moustiques, en bains de bouche, elle convient pour
remédier à stomatites, glossites, aphtes et angines, en injections
vaginales, elle traite mycoses et autres infections. Cette H.E. sera utilisée
pure ou diluée, en pommade, liniment, crème, cérat
(Valnet, 1974) (Bardeau, 1976) (Jouhanneau, 1991) (Franchomme, Pénoël
& al., 1996) .
On attribue
à cette même H.E. par voie interne des propriétés
anti-cellulitique, diurétique, anti-diabétique, digestive,
anti-coagulante, astringente, tonique, antiseptique…ce qui explique son
emploi pour mobiliser les surcharges graisseuses et la cellulite, les calculs
urinaires, le diabète sucré, l’ulcère gastrique, l’entéro-colite
simple ou membraneuse, suppurante ou ulcéreuse, les crachements
de sang, les hémorragies utérines, la stérilité,
la fatigue générale, les asthénies, les fatigues nerveuses,
les rhumatismes ostéo-articulaires. Trois fois par jour, on se limitera
à 3 à 6 gouttes d’huile essentielle sur un sucre ou dans
une tasse d’eau chaude; abuser de ce remède est dangereux; cependant
il ne présente aucune contre-indication aux doses physiologiques
indiquées (Valnet, 1974) (Bardeau, 1976) (Jouhanneau, 1991) (Franchomme,
Pénoël & al., 1996).
En fait, pas
besoin d’avoir de l’huile essentielle si on cultive le Géranium-Rosat
comme plante médicinale et d’ornement. Son infusion à saveur
de Rose est agréable et utile pour traiter, en plus des maux déjà
évoqués : les jambes gonflées, la grippe, les douleurs
d’estomac, les vers intestinaux (Lavergne, 2004).
Pelargonium
x denticulatum
Jacq., cultivar ‘Citronnelle’ octoploïde (2n =
88) du Géranium-rosat (Dermarne, 1989) a une H.E. quant à
elle prescrite en aromathérapie contre la prostatite et les cirrhoses
hépatiques (Franchomme, Pénoël & al., 1996). Ce
cultivar ‘Citronnelle’ existe aussi à La Réunion.
2.24.
Au Sénégal, nous appelions Lantana camara L., le Thé-de-Gambie.
Assez rarement rencontré et à valeur ornementale certaine,
je m’étais évertué à introduire cet arbrisseau
à fleurs orange à rouge-brique dans notre jardin. Sans préciser
la variété utilisée, nous avions appris que des tests
concernant « l’action anticancéreuse des feuilles et l’action
antimalarique des fleurs et des rameaux sont peu marquants » (Kerharo
et Adam, 1974). Pourtant, Lantana camara L. var camara, notre Galabert-rouge
était considéré par le R.P. Clément Raimbault
comme « le plus efficace des antifièvreux ». Y voyant
« un succédané de la quinine », il le prescrivait
contre le paludisme (Raimbault, 1948) (Lavergne, 2004). Les feuilles contiennent
en effet de la « lantanine », une « substance antispasmodique
proche de la quinine » (Bremness, 1996)…ce qui n’est pas une action
curative contre l’hématozoaire parasite à l’origine du paludisme.
Nos Galaberts
servent toujours pour « faire tomber la fièvre », à
la préparation de « tisanes-refroidissement » contre
la toux, le rhume, la grippe, la dengue (Lavergne, 1989) (Lavergne &
Véra, 1989) (Lavergne, 1995) (Lavergne 2004).
En cataplasme,
avec du Gingembre, ses feuilles sont appliquées sur les régions
rhumatisantes. Ecrasées et imbibées de rhum, elles sont mises
sur les entorses et les enflures (Lavergne & Véra, 1989).
2.25.
Sur une zone apparemment brûlée, un peuplement inattendu ici
de Dodonea viscosa (L.) Jacq., bien qu’il s’agisse d’une espèce
pionnière héliophile. Cette Sapindacée indigène
est notre Bois-de-reinette ou Bois-d’arnette. Ses feuilles
simples, pressées entre feuilles de papier, sont adhésives
comme ventouses de Rainettes. Elles auraient un peu l’odeur de la Pomme-Reinette.
Cet arbrisseau-arbuste
semi-xérophile a été utilisé contre la goutte,
les douleurs rhumatismales, comme «dépuratif puissant».
On retrouve son emploi chez nos tisaneurs contre la goutte, les rhumatismes,
la sciatique et l’arthrose, mais surtout pour traiter les calculs urinaires
et les coliques néphrétiques(Lavergne, 1989) (Lavergne &
Véra, 1989) (Lavergne, (Lavergne, Smadja & Véra, 1990)
(Lavergne, 1995) (Lavergne 2004)…même si la plante miracle contre
la «maladie de la pierre» serait plutôt le « Buchu
» que cultive avec succès Jacky Baret (0692 27 34 05) à
Petite-France et qu’il a employé, évoquant ses surprenants
effets (APLAMEDOM, 2004).
La simple
recherche d’une activité antihypertensive et diurétique de
Dodonea viscosa (L.) Jacq. a été confirmée
au laboratoire (A. et H. Adersen, 1997).
Huiles essentielles
et extraits foliaires de Dodonea viscosa (L.) Jacq. ont une activité
hypotensive, une efficacité antibactérienne et anthelmintique.
Les saponines contenues dans les graines ont une activité analgésique
et molluscicide (en particulier contre l’Escargot Biomphalaria glabrata,
Planorbe vectrice de la schistosomiase). Les dérivés de la
« quercétine», flavonoïde présent dans la
plante ont une activité antivirale importante et se sont montrés
efficaces contre rhino-virus, polio-virus et picano-virus. Deux flavonoïdes,
quércétine et « rutine » ont des propriétés
anti-oxydante et antiradicalaire. La « fraxétine »,
une coumarine anti-oxydante a montré des effets analgésiques
sur des Souris (APLAMEDOM, 2004).
2.26. Ageratum conyzoides L., Astéracée dont l’origine
est située en Amérique centrale et méridionale (Hind,
Jeffrey & Scott,1993) est notre Herbe-à Bouc tant il
est vrai que cette herbe froissée dégage une franche odeur
de Capridé.
Rafraîchissante
quand on a des maux de ventre (coliques) et des brûlures à
l’estomac ou aux intestins, cette herbe devenue pantropicale serait capable
de diminuer les graisses dans le sang et l’excès de cholestérol
(Lavergne, 1989) (Lavergne & Véra, 1989) (Lavergne, 1995).
Presque aucun
tisaneur n’omet d’utiliser dans la préparation de l’une de ses «complication»
cette herbe fétiche (Lavergne, 1989) (Lavergne, Smadja & Véra,
1990) ce qui n’est pas sans nous rappeler l’utilisation par le célèbre
tisanier métropolitain Maurice Mességué de la Chélidoine
Chelidonium
majus L., herbe dit-il indispensable à l’efficacité de
chacune de ses préparations.
L’adventice
Ageratum conyzoides L. se reconnaît encore à ses tubules
de couleur mauve (violet pâle) (Le Bourgeois, Jeuffrault, Fabrigoule
& al., 1999).C’ est en tisane, un bon diurétique (ce qui fait
qu’aux Antilles elle est désignée par Zerbe-à-pisser),
un vermifuge recherché, et, pour nos empiriques un efficace anti-ulcéreux
gastro-intestinal. Encore appelée Herbe-à-femmes aux Antilles,
cette « mauvaise herbe » parfumée d’animalité
serait à éviter par celles qui ont les «ovaires sensibles»,
sa consommation provoquant des « pertes de sang » m’ont dit
certaines, comme la tisane des Fleurs-jaunes (des n° 1.4. &
2.11.), de Romarin Rosmarinus officinalis L. (Lavergne, 2004).
2.27.
Bidens pilosa L., Astéracée à petits capitules
jaunes est d’origine américaine (Hind, Jeffrey & Scott,1993).
Cette autre mauvaise herbe (Le Bourgeois, Jeuffrault, Fabrigoule &
al., 1999) est surtout connue comme le Piquant ou Sournet.
C’ est un parfait exemple de l’anthropochorie : il suffit pour cela de
traverser un terrain envahi par cette adventice pour qu’il soit presque
inévitable que ses akènes à pointes barbelées
ne s’agrippent à nos lacets, nos chaussettes, notre pantalon.
Cette mauvaise
herbe, parfois consommée comme « brède » (légume),
a surtout servi de remède contre le diabète sucré,
se montrant peu active à l’encontre du diabète insipide (Raimbault,
1948) (Lavergne, 2000).
Nos anciens
élèves collégiens nous ont rapporté l’usage
du Piquant, Piquant-jaune, Picon, Herbe-à-piquants, Herbe-sornette,
Sornet, Sornette, Sorne, Sourne, Sournet, Soinette, Choinette, Swanète
« pour tirer le sucre du sang » (antidiabétique) et
« pour la tension » (antihypertensive) (Lavergne, 1989) (Lavergne
& Véra, 1989) (Lavergne, 1995).
ggg Encore quelques arbrisseaux ou arbustes médicinaux
2.28.
Olea lancea Lam., indigène des Mascareignes et de Madagascar
est le Bois-d’Olive-blanc des Réunionnais et le Bois-de-Cerf
des Mauriciens (Scott & Green, 1981). Cette deuxième appellation
évoquant sans doute la Théorie des Signatures, j’ai eu la
surprise de voir le Bois-de-Cerf présent dans un mélange
de médicinales supposées aphrodisiaques que j’avais commandé
au marché de Port-Louis, par curiosité.
Comme à
Maurice,
Olea lancea Lam. est encore utilisé contre le tambave.
Plus intéressant, certains tradipraticiens réunionnais en
font un remède contre le diabète, l’asthme, l’hypertension
(Lavergne, 1989) (Lavergne, Smadja & Véra, 1990).
Au laboratoire,
Olea lancea Lam. s’est d’ailleurs montré, comme Olea europea
L. subsp. europea l’Olivier méditerranéen (Pellecuer, 1985),
actif contre l’hypertension (A. et H. Adersen, 1997).
2.29.
Maillardia borbonica Duchartre in Maillard est une Moracée
endémique de La Réunion (Berg & van Heusden, 1985) dont
les feuilles ont une franche ressemblance avec le Ficus benjamina L..
Bien qu’il soit appelé Bois-de-maman, on ne peut pas dire
qu’une feuille détachée de sa tige montre a l’endroit coupé
beaucoup de «lait» ! Une explication moins humoristique nous
fut donnée par un médecin-botaniste à la fin du 19ème
siècle : «quiac hanc adhibent matres si puella quoedam
gravida videtur» (parce que les mères y ont recours si
une jeune fille donne des signes de grossesse), ce Maillardia passant
«pour avoir des propriétés abortives» (Cordemoy,
1965).
Espèce
peu commune,
Maillardia borbonica Duchartre n’est plus guère
usité. Une indication thérapeutique rapportée par
un élève contredit le pouvoir nocif du Bois-de-maman pour
celles qui sont « en voie de famille », en effet, il fallait
faire bouillir quelques rameaux feuillés de ce « bois de forêt
» et boire 4 ou 5 fois de cette tisane « pour éviter
une fausse couche ». « In tisanèr » indiquait
aussi qu’il fallait faire boire une tisane de feuilles et d’écorce
de Bois-de-moman à une femme enceinte, la décoction
d’écorce servant à des injections vaginales pour faire tenir
l’enfant. D’autres tisaneurs utilisent le Bois-de-maman pour lutter contre
la stérilité féminine ou pour y rechercher un effet
galactogène quand une accouchée a peu de lait pour son nourrisson
(Lavergne, 1989) (Lavergne, Smadja & Véra, 1990).
Il est aussi
considéré comme un remède du sang et de l’appareil
circulatoire : « pour rafraîchir le sang » (dépuratif),
« si les règles ne marchent pas bien » (emménagogue),
« pour les artères bouchées » (anti-coagulant).
On l’utilise aussi quand on se préoccupe de ses calculs urinaires,
pour calmer les douleurs des reins et de la vessie (Lavergne, 1989) (Lavergne,
Smadja & Véra, 1990).
2.30.
Sapindacée endémique de La Réunion et de Maurice,
Doratoxylon apetalum (Poir.) Radlk. comporte deux variétés
dans ces deux îles Mascareignes. Si les feuilles composées
paripennées du commun Bois-de-gaulette-des-Bas Doratoxylon apetalum
(Poir.) Radlk. var.
apetalum
pourraient être confondues avec
celles du commun Tan-Georges (dont on a parlé en 2.5.), les feuilles
du peu commun
Bois-de-gaulette-des-HautsDoratoxylon apetalum
(Poir.) Radlk. var. diphyllum (Cordemoy) Friedmann (Friedmann, 1997)
n’ont que 2 ou 4 folioles et pas de domaties.
Un coureur
des bois ne ramassera pas ce discret Bois-de-gaulette-des-Hauts pour préparer
une future tisane, le Bois-de-gaulette-des-Bas étant plus abondant,
plus visible et plus accessible. C’est d’ailleurs cette variété
apetalum
qui a été inscrite à la pharmacopée
« longtemps ». D’ailleurs avec peu d’usages, elle ne sera regardée
comme un astringent (maux de gorge, diarrhées chroniques) et un
dépuratif (Daruty, 1886) (Cordemoy, 1895).
Les tradipraticiens
de notre époque lui attribuent diverses vertus : dépuratif,
rafraîchissant, antidysentérique, antirhumatismal, contre
le « saisissement » (l’émotion, la peur, l’angoisse),
capable de remédier par le bain à la locomotion des petits
enfants qui ne marchent pas encore ou devraient aller plus vite (Lavergne,
1989) (Lavergne, Smadja & Véra, 1990).
2.31.
Ulmacée exotique Trema orientalis (L.) Blume, notre Bois-d’andrèze
est certainement la francisation des mots malgaches Andaraize et Andrarezina
(Marais, 1985).
Pionnière
des espaces dénudés et ensoleillés, le Bois-d’andrèze
est parfois utilisé contre les troubles digestifs : poudre de charbon
d’écorce bue avec de l’eau ou tisane de «cœurs» (extrémités
de rameaux feuillés) mis à bouillir. Son infusion est préparée
contre la goutte et l’enflure. Il se retrouve aussi dans quelque tisane-tambave
(Lavergne & Véra, 1989).
2.32. Acalypha integrifolia Wild. subsp. panduriformis Coode, taxon réunionnais (Coode, 1982) que l’on appela Bois-de-Charles ou Bois-de-crève-cœur, est aujourd’hui tombé dans les oubliettes de la tisanerie. Il fut simplement considéré comme astringent et dépuratif (Cordemoy, 1895).
2.33.
Dracaena reflexa Lam., est une « Liliacée » indigène,
très variable aussi bien à Madagascar que dans les Mascareignes
(Marais & Coode, 1978). Connu sous comme étant le Bois-de-chandelle,
on peut en trouver de gros pieds en bordures de propriétés
qu’ils ont servi à borner.
Jadis
déjà très usitées en gargarismes contre les
angines (Cordemoy, 1895), les extrémités feuillées
écrasées avec du sel et du vinaigre continuent à soigner
maux de gorge et angines. D’autres usages plus insolites m’ont cependant
été communiqués : soigner avec sa tisane le «
mal caduc » (l’épilepsie), prévenir les vomissements
des femmes enceintes, faciliter l’évacuation d’une fausse couche
(« pour se délivrer »), contre les « échauffements
» (inflammations) et douleurs lombaires, contre les « ensorcellements
» et les « mauvais esprits », dépister une «
maladie surnaturelle », soigner le « catarrhe » ou inflammation
des muqueuses s’accompagnant d’une hypersécrétion des glandes
de la région enflammée (Lavergne, 1989) (Lavergne, Smadja
& Véra, 1990).
3. - Pour terminer.
Bien que votre
soif de connaître une facette de la pharmacopée réunionnaise
doive être pour l’heure étanchée, le botaniste-ethnobotaniste
que je suis devenu a épousé la mentalité du pharmacologue
: découvrir de nouvelles plantes médicinales, soit en interrogeant
les tradipraticiens sur leurs nouveautés, soit en restant à
l’écoute de la verve populaire; n’ai-je pas appris dernièrement
lors d’une sortie organisée par l’APLAMEDOM le 12 juillet 2004 que
Desmodium
intortum (P. Miller) Urban, une Fabacée Papilionoïdée
fourragère d’origine américaine (Polhill, 1990) nouvellement
introduite mais en peu de temps spectaculairement devenue invasive de plusieurs
bords de routes, était le Zerb-Bœuf « très efficace
contre l’asthme » (François Tibère).
Il faut bien
se mettre dans la tête que tout taxon est potentiellement médicinal.
Les molécules que renferme toute créature végétale
et les propriétés qu’on leur attribuera n’ont pas fini de
nous étonner.
4.- Bibliographie
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Roger Lavergne, membre de la Société Botanique de France depuis 1973, devenu Docteur ès Sciences en Botanique Tropicale Appliquée en 1989.