Les Odonates de La Réunion ont été étudiés par Fraser et présentés dans une note parue dans les "Mémoires de l'Institut Scientifique de Madagascar", Série E, Tome VIII, 1957, suite à l'expédition franco-mauritienne de 1955, à laquelle ont participé R. Paulian, R. Richard, P. Viette et J. Vinson.
Fraser a pris en compte les récoltes et les observations de J. Hamon, alors en poste à La Réunion (1952)
Nous donnons ci-dessous sous la forme d'un tableau, les Odonates de La Réunion d'après Fraser, auquel nous avons rajouté une espèce non encore signalée de La Réunion et les apports de M. Papazian, éminent odonatologue métropolitain, spécialiste des Odonates de La Réunion.

Une faible biodiversité, 17 espèces seulement, dont une endémique
Actuellement, on dénombre 6 espèces de Zygoptères, tous non endémiques, et 11 Odonates dont 1 espèce endémique de La Réunion et une autre, semble-t-il des Mascareignes. C'est donc une faune très pauvre tant au niveau de sa biodiversité que de son endémisme.
Des doutes existent encore sur la détermination et le statut de certaines espèces. Ainsi Anax imperator serait une sous-espèce de la zone éthiopienne, Hemicordulia asiatica pourrait être aussi Hemicordulia virens, comme j'ai pu le constater sur de nombreux exemplaires que j'ai capturés dès 1998 dans la Forêt de Bébour vers 1.500 mètres d'altitude. Enfin Gynacantha radama pourrait avoir été confondue avec Gynacantha bispina. Actuellement les doutes demeurent en l'état, par suite d'une mauvaise distribution locale de l'information scientifique.
 

Agriocnemis exilis	Ceriagrion glabrum	Branchies caudales
Enallagma glaucum	Ischnura senegalensis femelle	Ischnura senegalensis larve

Biologie
Les Zygoptères ont leurs larves qui vivent dans des eaux calmes ou à très faible courant. Elles aiment à fréquenter les herbes des berges dans une profondeur d'eau dépassant rarement 40 cm. Les femelles adultes viennent pondre en s'accrochant aux herbes et en posant leur ovipositeur sur la partie immergée des plantes, où elles déposent leurs oeufs.

Remarques sur les espèces
- De tout les Zygoptères, Ischnura sengalensis est certainement l'espèce la plus répandue à La Réunion. Très résistante à la pollution, sa larve vit aussi bien dans les eaux tranquilles et claires, que dans les eaux complètement polluées et saumâtres de l'Etang de St Louis.
- Ceriagrion glabrum est aussi commune. L'adulte aime à fréquenter les fourrés denses près de l'eau, à la recherche de quelques moucherons.
- Agriocnemis exilis, qui est une très petite espèce était commune, jadis, dans la prairie inondée à Paspalidium geminatum. de l'Etang de St Paul.
- En altitude, au-dessus de 800 mètres Enallagma glaucum est très commune. C'est un des plus beaux Zygoptères que l'on puisse voir voler dans la forêt primaire, près des vasques d'eau tranquille.
- Une autre espèce, Coenargiocnemis reuniense, la seule endémique de La Réunion est assez commune dans les Hauts de l'île. Elle ressemble assez à l'espèce précédente, mais elle est un peu plus petite.

Massacre écologique de l'Etang de St Paul
Depuis que le tuyau de transfert des eaux d'Est en Ouest a été posé en travers de l'Etang, sans aucune étude d'impact préalable, la plupart des espèces de Zygoptères et d'Anisoptères, qui abondaient encore jusqu'en Avril 1996, ont disparu.
Les études que j'ai faites de 1996 à 2002,  pour déterminer la biodiversité de l'entomofaune de l'étang, ont montré combien le réaménagement de l'Etang de St Paul est une véritable catastrophe écologique, qui a été passée volontairement sous silence, pour toutes sortes de motifs aussi sordides les uns que les autres. Sur les 15 espèces d'Odonates qui fréquentaient l'Etang, on ne compte plus aujourd'hui, que 2 ou 3 espèces. La pose de ce tuyau, enfermé dans un sarcophage de béton a coupé l'étang en deux, empêchant les prairies humides à Paspalidium de s'hydrater. L'entomofaune de ce secteur ayant été détruite aux 3/4, a entraîné aussi la disparition des prédateurs insectivores, tels que les oiseaux migrateurs et locaux et les caméléons.

Anax imperator mâle	Anax femelle pondant	Larve âgée d'Anax
Larve juvénile d'Anax	Orthetrum brachiale	Zygonix torrida
Trapezostigma limbata	Pantala flavescens	Trithemis haematina
Hemicordulia asiatica ?	Trithemis haematina Larve	Diplacodes lefebvrei

Biologie
Les Odonates, au contraire des Zygoptères, sont de grands "voiliers", grâce à leur vol puissant. Ils n'hésitent pas à voler loin des plans d'eau, à la recherche d'insectes à dévorer. Certains d'entre eux pondent leurs oeufs en les jetant à la surface de l'eau, d'autres s'accrochent aux branches des plantes aquatiques pour les pondre sur les tiges immergées.
Les Odonates pondent dans des eaux stagnantes ou courantes, mais présentant des secteurs plus calmes. Elles aiment à se cacher dans les plantes immergées. Elles y trouvent refuge et proies à dévorer, n'hésitant pas à s'attaquer aux larves de Zygoptères, aux alevins, aux tétards, aux vers de terre et aux nombreuses larves de moustiques Chironomes qui vivent dans la vase du fond.

Remarques sur les espèces
- Le plus commun des Anisoptères est la grande et très belle Libellule bleue Anax imperator. Sa larve est très robuste, car c'est une des rares espèces d'Odonates à pouvoir vivre et se développer dans les eaux polluées. Nous avons observé le vol des adultes jusqu'à 2.000 mètres d'altitude.
- Orthetrum brachiale, Trithemis haematina et Pantala flavescens, sont aussi très communes. La larve de Trithemis haematina est abondante dans les eaux, encore claires, de la Rivière St Denis, en amont du barrage.
- Diplacodes lefebvrei était jadis extrêment commune avant le massacre écologique de l'Etang de St Paul. C'est la moins farouche de toutes les Libellules.
- Zygonix torrida et Trapezostigma limbata, sont moins communes. Leur biologie est aussi plus particulière, à l'état adulte.
- Hemicordulia asiatica ? ou H. virens ? n'avaient pas encore été signalée de La Réunion. Depuis 1998, J'ai observé et récolté cette espèce uniquement dans les Hauts de l'île, à partir de 800 mètres (Crêtes de St Joseph, Chemin Jacques Payet, Forêt de Mare Longue) et jusqu'à 1500 mètres (Forêt de Bébour, rivière des Marsouins).
- Pour plus de détails se connecter au site de Samuel Couteyen, spécialiste de la question http://www.ecologie.re

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