Diptères hématophages
Les moustiques font partie de la famille des Diptères, c'est à dire des insectes n'ayant qu'une seule paire d'ailes, l'autre étant transformée en balanciers. Il existe un très grande variété d'espèces réparties en de nombreuses familles. La plupart de ces insectes sont végétariens, comme les Chironomidae.. Ceux que l'on appelle vulgairement "moustiques", ont leurs femelles qui sont hématophages, c'est à dire qu'elles se nourrissent du sang d'animaux à sang chaud ou à sang froid. Les mâles, eux, ne se nourrissant que de nectar des fleurs et d'exsudats de toutes sortes. Biologie
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![]() D'après Ansel D'Imeux |
Cycle de développement
1- A la recherche d'un repas de sang Après l'accouplement, la femelle a besoin de protéines pour amorcer son cycle gonotrophique (cycle d'ovulation). Elle les trouvera en prélevant le sang des animaux et des humains, au moyen d'une trompe et de stylets perforateurs. Ses antennes l'aideront à localiser ses futures victimes en détectant le gaz carbonique issu de leur respiration. Elle possède aussi des organes sensibles à la température du corps des animaux à sang chaud. Elle injecte alors une salive corrosive dans leur peau pour aspirer plus facilement le sang. Une fois repue de ce repas de sang, elle se cache dans un endroit sombre pour digérer tranquillement. Deux jours plus tard, se sentant prête à pondre, elle recherche une flaque d'eau pour y déposer ses oeufs. |
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2- La ponte
Chaque espèce à des préférences écologiques. Pour les Anopheles, c'est une eau limpide, bien ensoleillée, pour les Aedes et les Culex ce sont des eaux troubles, chargées de matières organiques, bien à l'ombre des plantes. Les oeufs peuvent être pondues à la volée (Anopheles) ou déposés à la surface de l'eau (Aedes). Ils ont des formes et des associations typiques de l'espèce. Les oeufs de Culex sont agglomérés et forment une sorte de barquette d'une centaine de spécimens, ceux des Aedes sont isolés et les oeufs d'Anopheles s'associent en de jolis dessins géométriques. |
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3- Le développement larvaire
Deux jours après la ponte, les oeufs éclosent en donnant naissance à de minuscules larves qui gigotent dans tous les sens. Le développement est très rapide. En 4 jours, elles multiplient leur taille par dix en changeant plusieurs fois de peau. A la fin de cette très courte période, elles ont atteint leur taille maximum. De gros yeux noirs encadrent une bouche où des palpes labiaux, en perpétuelle agitation, créent un fort courant d'eau, apportant la nourriture constituée de bactéries et de débris végétaux. certaines espèces sont carnassières et dévorent les larves d'autres espèces de moustiques (Cules tigripes) Pour respirer, elles sont obligées de remonter à la surface de temps en temps, où elles aspirent l'air au moyen d'un siphon respiratoire placé à l'extrémité de l'abdomen. Elles sont très sensibles aux mouvements de l'eau et aux chocs suspects, annonciateurs d'un danger. Elles quittent alors immédiatement la surface pour s'enfouir dans la vase. Dans la biocénose de l'écosystème aquatique, les très grandes quantités de larves de moustique et de Chironome qui foisonnent et pullulent, sont une source de protéines indispensable pour la stabilité des réseaux trophiques aquatiques en place. |
![]() Larve de Culex
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4- La Nymphose
La larve ayant atteint son développement maximal, cesse de s'alimenter et se transforme en une nymphe assez mobile, qui vient flotter à la surface de l'eau. Elles gardent ses gros yeux noirs et développe une paire de cornets qui lui permet de respirer à la surface. Pendant cette très courte période qui ne dure que 2 jours, les organes futurs de l'adulte se devinent petit à petit à travers la cuticule. Ce sont les yeux noirs, la trompe piqueuse, les pattes et les antennes enroulées, les ailes. L'abdomen constitue la queue de la nymphe. |
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5- La sortie de l'adulte
Deux jours après, le moustique adulte sort lentement et délicatement de sa coque qui flotte à la surface de l'eau comme une barque fragile. Au niveau du thorax, une déchirure se forme et le dos apparaît suivi par la tête et en dernier lieu par les pattes antérieures, puis les médianes et les postérieures. Les bulles d'air qui sont emprisonnées dans les extrémités de ses pattes et la production d'une substance huileuse lui permettent de rester à la surface de l'eau et de dériver, le temps que ses ailes sèchent pour prendre son envol, une heure plus tard. |
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6- Les prédateurs des
Moustiques
Les populations très importantes de moustiques adultes et à l'état de larve sont une source inestimable de protéines pour de nombreux carnassiers vertébrés et invertébrés. - Les adultes sont la proie des Crapauds, des Grenouilles, des Geckos (Margouillats et Calotes) et des Oiseaux. - Les larves sont capturées par les larves d'Odonates (Anisoptères juvéniles et Zygoptères), les Coléoptères aquatiques (Dytiscidae, Hydrophilidae, Hydraenidae et Gyrinidae), les Punaises aquatiques (Corixidae, Veliidae, Notonectidae, Gerridae, Nepidae) et les petits poissons. - Les oeufs sont gobés par les Gerridae, croqués par les Gyrinidae et les petits poissons. |
7- Les Moustiques, vecteurs potentiels
de maladies graves
Les Moustiques sont vecteurs, ou
support, de maladies graves, par inoculation dans notre sang des parasites
qu'ils abritent dans leurs glandes salivaires.
- Les Anophelinae (Anopheles)
sont connues pour être le vecteur du paludisme qui est l'origine
de millions de mort. Ils transportent aussi des bactéries pathogènes
(encéphalomyélite) et des Nématodes (éléphantiasisme).
- Les Culicinae (Culex)
sont les vecteurs potentiels de la Fièvre jaune, de certaines encéphalomyélites
et fièvres tropicales.
- Les Aedinae (Aedes) sont
les vecteurs potentiels de la Fièvre jaune, de la Dengue, de filaires
et de certaines fièvres tropicales (virus Chikungunya).
8- Lutte contre les moustiques
Les potentialités de transmission de maladies
graves sont donc à prendre très au sérieux par les
habitants des zones où vivent ces genres de moustique. La lutte
se situe à deux niveaux : destruction des adultes, destruction des
larves.
Gestion des eaux relictuelles
La première préconisation est la gestion
des eaux usées et des eaux qui trainent ici et là (soucoupes,
pots de fleurs, flaques résiduelles, vieux pneus abandonnés,
gamelles et boîtes de conserves rouillées, etc), car la pullulation
des moustiques est directement liée à l'eau, puisque leurs
états larvaires s'y déroulent. La lutte contre les moustiques
commence d'abord par l'éradiction des eaux stagnantes. De nombreuses
plantes, au niveau de l'insertion des tiges, et les troncs d'arbres creux
abritent des petites cuvettes d'eau où les moustiques viennent pondre.
Lutte biologique
La lutte biologique implique une bonne connaissance de
l'écologie des prédateurs des moustiques. Ce sont donc les
larves des Odonates, des Coléoptères aquatiques, des Punaises
aquatiques, des Grenouilles et des Poissons. Certaines larves de moustiques
sont carnassières (Culex tigripes) et détruisent un
nombre considérable de larves de moustiques vecteurs potentiels
de maladies graves.
Luttes chimique et mécanique
Films d'huile, brassage de l'eau, brassage par ventilateur,
emploi de fumigènes, de pièges lumineux et de moustiquaires,
usage des insecticides. Mais on sait les conséquences très
néfastes de l'utilisation des insecticides sur les habitants vertébrés
et invertébrés des écosystèmes, sans parler
de la santé de l'homme.
Les schémas sont extraits du Traité de "Parasitologie médicale - Insectes et Crustacés" de M. Ansel d'Imeux, Vigot Frères, Editeurs, 1960
Les Moustiques de La Réunion |