~ Les Termites ~

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Les termites, ces mal aimés 
Les termites sont connus et détestés pour les méfaits qu'ils occasionnent aux bois et aux charpentes de nos maisons, aux livres anciens de nos bibliothèques et, parfois, aux cultures. Comme ils ont horreur de la lumière, ils vivent cachés dans les ténèbres de la termitière, et ne révèlent leurs méfaits que quand il est trop tard, cachés, qu'ils sont sous une fine pellicule de bois qui les protège de la lumière.
Ce sont des insectes sociaux 
Comme les guêpes, les abeilles et les fourmis, les termites ne peuvent pas vivre seuls. Leurs populations sont formées d'insectes différenciés tant dans leurs formes que dans leurs fonctions; ce qui les font classer en castes. On distingue donc les sexués reproducteurs, des ouvriers et des soldats.
Les sexués reproducteurs
Selon l'état et la vieillesse de la termitière, plusieurs sortes de sexués sont présents. Les sexués primaires ou fondateurs de nouvelles colonies, les sexués secondaires et les "néoténiques". 
Les sexués primaires
Ce sont les fondateurs de la colonie. on les différencie des autres individus de la termitière par une taille plus grande, une coloration plus foncée du tégument, une sclérification importante de l’ensemble du corps, la présence de moignons d'ailes et des petits yeux noirs. 
Envol nuptial 
A la fin de l'hiver et pendant les premières semaines de l'été, les termites sexués s'envolent et quittent définitivement la termitière. Une fois accouplés, ils retombent au sol, brisent leurs ailes et cherchent à s'enterrer ou à s'immiser dans la fente d'un tronc. Les couples ainsi formés demeureront ensemble pendant de nombreuses années; le mâle fécondant la reine quand cela est nécessaire, et cette dernière pondant une quantité importante d’oeufs. 
Chez certaines espèces africaines, l’abdomen de la femelle est tellement hypertrophié par la production d'oeufs, qu' il  peut atteindre jusqu’à 10 fois sa taille normalee. La reine est alors incapable se déplacer. 
Les sexués secondaires et les "néoténiques" 
Ce sont des individus, mâles et femelles, qui ne quittent pas la colonie pour fonder d’autres cités. Ils apparaissent en grand nombre dans la termitière, quand les sexués primaires ont disparu. L'accouplement se fait dans les galeries de la termitière. Ils sont facilement reconnaissables par leur taille plus allongée, une couleur du corps plus foncée que celle des autres individus, des fourreaux alaires non fonctionnels et la présence de petits yeux noirs. Si leur corps ressemble à celui des larves, leurs organes génitaux se sont développés et sont fonctionnels. C’est pour cela qu’on les appelle des “néoténiques”. 
Les ouvriers 
Ce sont les individus les plus nombreux et les plus petits de la colonie. Ils sont bien reconnaissables à leur teinte blanchâtre ou grisâtre (due à une faible sclérification de l’ensemble du corps), et par leur abdomen mou souvent coloré par la cellulose du bois qu’ils ingurgitent. 
Très actifs, ils participent à toutes les tâches de la vie de la termitière. 
    · Ils nourrissent les sexués et les soldats. 
    · Ils élèvent le couvain et donnent à manger aux larves 
    · Ils creusent et perforent le bois. 
    · Ils construisent un ensemble complexe de galeries et de dômes, qui peuvent atteindre des volumes et des tailles parfois considérables (en Afrique et en Australie).
    . Ils disposent sur les parois des galeries et des cellules, des substances chimiques porteuses de messages d'orientation et de fonction (phéromones de reconnaissance).
Les soldats 
Ils sont en nombre très variable, selon les espèces, la période de l’année, la taille et le développement de la termitière. 
Ils sont facilement reconnaissables par leurs mandibules, souvent puissantes, issues d’une tête massive, brune et fortement sclérifiée. Sur le front ou “vertex”, ils possèdent parfois une glande qui produit un liquide corrosif destiné à combattre leurs ennemis.
Le rôle des soldats est d’assurer essentiellement la sécurité de la termitière et de tuer tous les prédateurs qui envahissent la cité. Ils n’hésitent pas à sacrifier leur vie, en obstruant les galeries avec leur énorme tête, tandis que les ouvriers bouchent définitivement les galeries derrière eux. Séparés de la colonie, ils font face à leurs ennemis et vont lutter jusqu’à la mort. Comme pour les ouvriers, on dénombre des individus mâles et des individus femelles. Mais leurs organes génitaux demeurent atrophiés et inaptes à la reproduction. 
Parmi leurs prédateurs invertébrés, les fourmis sont leurs principaux ennemis.
Le couvain 
Il comprend les oeufs et les larves. 
·Les oeufs 
Ils sont de forme variable, selon les espèces. Agglutinés les uns aux autres, souvent de couleur blanc ivoire ou jaunâtre, ils sont l’objet de soins constants de la part des ouvriers, qui les nettoyent, les lèchent et, selon les conditions extérieures de température et d'humidité, les déplacent par paquets dans les endroits les plus adéquats.
Les larves 
Les termites étant des insectes à métamorphoses progressives ou imparfaites (absence de stade nymphal et donc pas de production de chrysalide ou de pupe), les larves ressemblent aux adultes. 
Elles sont caractérisées par un corps blanc, faiblement sclérifié. Elles grandissent par mues successives jusqu’à la caractérisation de l’état terminal (sexué, ouvrier ou soldat). Elles sont nourries par les ouvriers, qui régurgitent dans leur bouche une partie du contenu de leur estomac. Cela explique la couleur blanche de leur corps.
L'organisation de la cité 
Les termites sont des insectes sociaux bâtisseurs de cités “aériennes” ou “souterraines”. Certaines termitières africaines atteignent 3 à 4 mètres de hauteur et sont bien visibles dans la savane. D’autres espèces qui ne vivent que dans le bois, forent les arbres vivants ou morts, en de nombreuses galeries qui constituent la termitière. 
A La Réunion, les termites sont peu visibles, car ils ne présentent pas de constructions spectaculaires (exception faite des volumineuses “calies” des Coptotermes havilandi).
Si la teneur interne en humidité peut être très importante (Coptotermes havilandi) ou, au contraire, très faible (Procryptotermes falcifer), le taux de gaz carbonique est très élevé, par suite de l'hermétisme des termitières.
La gestion interne
Les Termites vivent donc dans des espèces confinés et dans une obscurité totale. En l’absence de repères visuels, ils déposent sur les parois des cellules et des galeries, des odeurs particulières, appelées “phéromones” qui correspondent à des fonctions précises. Ces odeurs différentes leur indiquent les zones de repos, de stockage des oeufs, les zones de sortie, les zones d’entreposage des déjections, etc... Ce sont leurs antennes qui, détectant ces odeurs, les renseignent parfaitement sur leur monde nocturne, sans nécessité de lumière.
La communication
Comme tous les insectes sociaux, les Termites ont besoin d’un langage pour vivre ensemble, communiquer les messages vitaux, les situations critiques et se reconnaître entre eux. Ils le font au moyen  de messages chimiques (appelés phéromones) et de messages vibratoires.
Production de messages chimiques
-Phéromones d’identification
Des travaux en cours tendent à démontrer la production par les termites, de composés chimiques typiques de l’espèce. Ils seraient secrétés par les téguments et détectés par les antennes. Ils permettraient aux individus de la colonie, de reconnaître leur appartenance à la même espèce, à la même colonie et de s’identifier en tant que sexués, soldats et ouvriers. 
-Phéromones de communication de messages
Par la production d’autres composés chimiques, ils se communiquent de nombreux message par les antennes.
Communication vibratoire et tactile
Les termites communiquent aussi par vibrations du corps en frappant le sol avec leur tête. Ce sont souvent des messages d’alerte. Leurs antennes, outre la détection d’odeurs, servent d'organe du toucher. L’observation montre que cette fonction est très importante.
Toilettage et trophallaxie
Le toilettage entre individus est un acte essentiel car c’est par lui que sont distribuées, à tous les habitants de la termitière, les phéromones produites par les différentes castes sociales. Cette action a un rôle de régulation des populations à l’intérieur des castes. 
La trophallaxie, qui est une régurgitation de nourriture d’un individu à un autre, favorise la diffusion des phéromones produites par les individus des différentes castes. 
Le rôle des termites dans les écosystèmes
Les termites ont un rôle important dans la gestion des écosystèmes, car ils sont des décomposeurs des bois morts. Ils participent donc à la dégradation naturelle des espèces végétales mortes et à leur recyclage.
Les différentes espèces présentes à La Réunion

La venue à La Réunion en 1996 et 1997 de M. Bordereau, chercheur au CNRS de Dijon, a permis une bien meilleure connaissance des espèces vivant dans l’île. Jusqu'à présent 9 espèces de Termites ont été dénombrées. La plupart sont exotiques et 3  seulement sont endémiques.
 -Termites de bois sec
.Cryptotermes brevis (3), urbain, commun et nombreux dégats dans les maisons, Caraïbes
.Cryptotermes dudleyi (5), rare à La Réunion, nuisible en Afrique, Madagascar, Maurice, etc .
.Cryptotermes pallidus (4), ville et campagne, forêts humides, peu dangereux, Mascareignes
.Procryptotermes falcifer (2), très commun, ravageur des arbres en milieu naturel, Mascareignes
.Neotermes reunionensis (1), relativement rare, en forêt humide, endémique de La Réunion
.Postelectrotermes howa, assez commun en forêt humide, endémique de La Réunion ?
-Termites souterrains
.Coptotermes havilandi (7), très commun, ville et campagne, très nuisible aux habitations
.Prorhinotermes canalifrons (6), moins commun, nuisible aux manguiers, présent à Madagascar.
-Termite arboricole
.Microcerotermes subtilis (8), rare, dans les troncs creux, nuisible à Madagascar et Seychelles.

D'après Rapport de Mission 1997, "Les termites de l'île de La Réunion"
Christian Bordereau, UMR-CNRS 5548
Développement et Communication chimique
Université de Bourgogne, 6 Bd Gabriel, 21000 Dijon
Photo : Christian Bordereau

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Tous droits de reproduction réservés :
- Textes et photos: Christian Guillermet
- Schémas et dessins d'après Pierre-P. Grassé, Traité de Zoologie, Tome IX, Masson et Cie Editeurs, 1965
- Photo présentant toutes les espèces de termites : Christian Bordereau

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