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~ Biogéographie des Lépidoptères
de l'île de La Réunion
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- Un archipel volcanique perdu
au milieu de l'Océan Indien
L'île de La Réunion,
située en plein Océan Indien, à 850 km des côtes
malgaches, fait partie de l'Archipel des Mascareignes. Il comprend 3 petites
îles tropicales, toutes issues de l'émergence de volcans du
fond de l'Océan. La Réunion en est la cadette avec seulement
3 millions d'années, mais elle est aussi la plus grande et la plus
montagneuse, tandis que l'île Maurice située à 150
km de ses côtes, est la plus vieille avec 5 millions d'années,
et l'île Rodrigues est la plus petite, la moins montagneuse et la
plus jeune avec seulement 1 million d'années.
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(Extrait de l'Atlas Général Bordas) |
- Une biodiversité
entomologique faible
La Lépidoptérofaune
des trois îles est essentiellement d'origine africano-malgache, avec
quelques apports asiatiques inexpliqués. Leurs biodiversités
entomologiques sont très faibles, compte tenu de leur jeunesse,
de leur éloignement des côtes africaine et malgache et du
caractère destructeur des volcans qui les ont formés.
L'île de La Réunion
est très pauvre en papillons diurnes. On compte seulement 34 espèces
de Rhopalocères. La dernière arrivée sur l'île,
ainsi qu'à Maurice, est une petite Lycène bleue, Chilades
pandava (Horstfield, [1829]). C'est une espèce asiatique qui
serait arrivée dans l'Archipel en 2001. Il est vraisemblable qu'elle
a été introduite accidentellement avec l'importation de palmiers
du genre Cycas, dont ses chenilles se nourrissent. En 2010 une autre
Lycène fait son apparition à La Réunion, c'est Spalgis
tintinga (Boisduval, 1833) et dernièrement en provenance de
Madagascar Leptomyrina (Leptomyrina) phidias.
Les papillons nocturnes sont plus
nombreux avec 567 espèces, mais ce n'est que le dixième des
espèces vivant à Madagascar.
- Un faible endémisme
d'origine africano-malgache (Rhopalocères)
Pour ce qui concerne la Lépidoptérofaune
endémique diurne (Rhopalocères), les apports malgaches et
africains sont majoritaires. Quelques espèces endémiques
sont cependant issues de Malaisie, comme le genre Euploea, ce qui
est parfaitement inexplicable.
- Maurice, au début du XXème
siècle, comptait 36 espèces dont 8 endémiques strictes,
soit 22 % d'endémisme. Depuis les travaux de Vinson (1938) et de
J.R. Williams (1989), au moins 3 espèces endémiques semblent
avoir disparu. La pression démographique et leurs conséquences
néfastes sur les milieux naturels en sont la cause principale. De
nouveaux inventaires seraient donc nécessaires pour actualiser les
données.
- A La Réunion 7 espèces
sont strictement endémiques, soit 20,5 % du nombre total des espèces
(dernière révision). La politique de protection des milieux
naturels, les surfaces importantes de forêts naturelles et le caractère
très accidenté du relief permettent, malgré une pression
démographique forte, de conserver pour un temps, le patrimoine biologique
naturel en l'état.
- A Rodrigues, les dernières
données datent des travaux de J. Vinson, en 1938. A l'époque
il avait recensé 10 espèces, dont 1 strictement endémique.
Mais les inventaires seraient à réactualiser, compte tenu
de la très grande déforestation qui sévit depuis plusieurs
dizaines d'années.
- La biodiversité des papillons
nocturnes est nettement plus importante (567 espèces recensées
actuellement) et l'endémisme est de 41%. L'origine des espèces
endémiques est majoritairement africano-malgache. Pour ce qui concerne
les deux autres îles, une réactualisation des données
serait nécessaire, en s'appuyant sur les travaux remarquables de
J. Vinson (Mauritius Institut Bulletin 1 (4), 1938).
- Très faible endémisme
stricte des Mascareignes
Il est très faible tant
pour les espèces diurnes que pour les espèces nocturnes.
Tout se passerait comme si l'endémisme îlien se faisait essentiellement
avec le continent africain et l'île de Madagascar. Cependant, dans
un second temps, il est logique de penser que l'île Maurice, compte
tenu de son ancienneté et de son facteur de proximité, a
du jouer un rôle essentiel dans la dispertion de ses espèces
dans l'archipel des Mascareignes lorsque les deux autres îles sont
apparues.
- A La Réunion, 3 espèces
endémiques de papillons diurnes sont menacées
Malgré les mesures de protection
des milieux naturels mises en place par les collectivités locales
et la DIREN, trois espèces de papillons diurnes voient leurs populations
se restreindre au cours des ans. Les facteurs sont connus : introduction
de parasites pour la lutte biologique, déforestation sauvage, prédateurs
vertébrés et invertébrés introduits, maladies
cryptogamiques, virales et bactériennes, entomologistes collectionneurs
(le plus souvent extérieurs à l'île)..
Les trois espèces endémiques
suivantes sont donc en voie de disparition et protégées par
arrêtés ministériels :
1- Papilio
phorbanta
Linné, 1771
2- Antanartia
borbonica borbonica (Oberthür, 1880)
3- Salamis
augustina
Boisduval, 1833
- Des espèces réunionnaises
d'Hétérocères non retrouvées depuis leur publication
Plusieurs espèces mentionnées ou décrites
de La Réunion depuis 1860 n'ont pas été retrouvées.
Cela concerne une dizaine d'Hétérocères de Noctuidae
Quadrifides (sous-famille des Hypeninae :Ametropalpis nasuta, Hypena
inextensalis, Hypena nasutalis; sous-famille des Catocalinae
: Dermaleipa rubricata, Hypospila thermesina), des Geometridae (Geometra
diospyrata, Thalassodes hyraria), des Pyralidae (Mussidia semipectinella)
et des Crambidae (Rhodaria nieralis).
- De nombreuses espèces
ravageuses des cultures
Les échanges commerciaux internationaux et tout
particulièrement avec l'Europe et l'Extrême Orient, ont amené
dans l'île des "pestes entomologique" qui occasionnent de nombreux
dégâts tant dans les denrées stockées que dans
les exploitations agricoles. Il est clair que l'augmentation des importations
maraîchères facilitent la venue d'hôtes indésirables.
Les mesures de prophyllaxie et le personnel qui s'y consacre ne peuvent
suffire à gérer et maîtriser ce problème. La
Réunion est donc directement menacée par des infestations
qui ne peuvent que nuire à son patrimoine biologique.
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